L’Association marocaine pour la dignité, la prédication et la réforme, lancée récemment par le salafiste Hassan El Khattab, fait déjà face à ses premières scissions. Ainsi, l’un des dissidents, Abdelouahed Bakhout, alias Abou Taha, cité par le quotidien Assabah dans son édition de ce jeudi 31 mars, reproche au chef de file de cette association, El Khattab, d’avoir «marginalisé plusieurs membres fondateurs». C’est le cas notamment de Mohamed Fizazi, pourtant membre fondateur, qui a été écarté de tous les débats ayant accompagné le lancement de l’association. Fizazi a été néanmoins désigné président honorifique, mais cela est loin d’avoir arrangé les choses. Plusieurs membres de première ligne, dont Fizazi lui-même, ont quitté cette organisation, considérée déjà comme morte-née.
Abou Taha, dont la candidature aux dernières élections locales du 4 septembre, sous les couleurs du MDS de Mahmoud Archane, a été une surprise pour tous, accuse Hassan El Khattab d’avoir radié, d’un seul coup, toute une liste de cadres, dont des titulaires de doctorats dans différents domaines. Cela, dans l’objectif d’éliminer toute concurrence dans la course à la présidence de l’association. Il s’est toujours entouré, en revanche, selon la même source, d’adeptes susceptibles de lui obéir au doigt et à l’œil.
L’association de Hassan El Khattab est le troisième cadre associatif du genre initié par les salafistes depuis leur sortie de prison où ils purgeaient des peines de durées variables pour leur implication dans les attentats de 16 mai, à Casablanca. Cette association aurait dû connaître un avenir meilleur, toujours selon ce cadre dissident cité par Assabah. Mais des cadres, dont des enseignants universitaires, ont fini par la quitter les un après les autres.
Hassan El Khattab a commencé par changer le nom de l'Association marocaine pour la prédication et la réforme pour lui donner son nom actuel, ce qui n’a pas plu à tout le monde. Ensuite, il a fait en sorte d’écarter ses concurrents potentiels et a fini par la vider de ses cadres.
Condamné à vingt-cinq ans de prison en 2008 dans le cadre de l’affaire Ansar Al Mahdi et gracié en novembre de l’année dernière, il avait déjà fondé un courant salafiste réformateur, il y a deux ans, alors qu’il était encore en prison.
Par ailleurs, un autre groupe de salafistes, conduit par Abdelkarim Chadli, a été pris sous l’aile du MDS de Mahmoud Archane, peu avant les dernières élections communales. Certains de ses membres occupent aujourd’hui des postes d’avant-garde dans les différentes instances de cette formation. Chadli et ses «frères», les salafistes du MDS, ont fondé, eux aussi, il y a peu de temps, leur propre cadre associatif, l’Association salafiste pour la réforme politique, avec un appui financier substantiel du fondateur du MDS.