Algérie: quand l’hostilité envers le Maroc est érigée en doctrine d’Etat

Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères.

Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères. . DR

Revue de presseKiosque360. Selon un ancien diplomate algérien, l’hostilité envers le Maroc est érigée en doctrine d’Etat en Algérie depuis plus de quarante ans, au sein de l’armée et de la diplomatie. Les médias y ont également adhéré.

Le 02/02/2018 à 21h18

Tout le monde se rappelle les accusations irresponsables et infondées portées, en octobre dernier, par le ministre des Affaires étrangères algériennes contre le Maroc, ses institutions bancaires et sa compagnie aérienne. Tout le monde se rappelle également cette accolade franche, il y a deux semaines, entre le chef de la diplomatie algérienne et son homologue marocain qui participait à Alger à une réunion dans le cadre du «Dialogue 5+5». Cette poignée de mains appuyée entre les deux ministres a été interprétée alors, note le quotidien Al Massae dans son édition des 3 et 4 février, comme un début de normalisation entre les deux pays voisins.

Des pronostics que le même ministre des Affaires étrangères du voisin de l’Est s’est empressé de balayer, moins d’une semaine plus tard, en reprenant ses accusations contre le Maroc de favoriser le trafic de drogue vers l’Algérie. Ce comportement, écrit le journal, n’est pas un cas isolé ni un schisme dans les relations entre les deux pays. En effet, pendant les 42 dernières années, l’hostilité envers le Maroc est une constante dans le discours des partis politiques et des médias. Quant à l’armée, elle n’évoque du Maroc que l’ennemi. Une situation, observe Al Massae, qui présente beaucoup de similitudes avec les rapports entre les deux Corée.

L’ancien diplomate et actuel opposant au pouvoir algérien, Mohamed Larbi Zitout, cité par le journal, avance une explication à ce comportement. «L’hostilité envers le Maroc est érigée en doctrine d’Etat par l’armée et la diplomatique», assure-t-il. En d’autres termes, que ce soit dans les rangs de l’armée ou au ministère des Affaires étrangères, tous ceux qui veulent s’affirmer ou monter en grade n’ont qu’à afficher leur hostilité envers le Maroc. Et dans le domaine, affirme cet ancien diplomate algérien, il n’y pas de limite. Il n’y a pas, non plus, de lignes rouges qu’il faudrait respecter dans cette course à la provocation. Ce qui a engendré une rivalité dans ces deux secteurs, c’est à qui proférera les plus virulentes insultes et irresponsables accusations contre le Maroc.

Au fil du temps, affirme l’ancien diplomate algérien, ces comportements ont acquis le statut de coutume et de règle de comportement installés, sans pour autant être codifiés. Et depuis, d’autres secteurs ont adhéré à cette doctrine, les médias en l’occurrence qui ont, à leur tour, rivalisé dans la provocation. Mais c’est au sein de l’armée que cette doctrine prend une dimension dangereuse, dans la mesure où son pouvoir tentaculaire est étendu à toutes les institutions vitales et autres organes d’Etat.

Al Massae rappelle en ce sens le cas du général-major Saïd Chengriha, commandant de la 3ème Région militaire (Béchar, sud-ouest), qui, il y a un peu plus d’un an et demi, qualifiait explicitement le Maroc d'«ennemi» de l’Algérie, devant un parterre constitué, entre autres, de hauts galonnés de l'armée Dans une situation normale entre deux pays voisins, ce genre de déclaration est considéré comme «une déclaration de guerre», note Al Massae. Or ni l’institution de l’armée et encore moins la présidence de la République n’ont contesté cette sortie. Pire encore, elle a été considérée comme une déclaration «ordinaire». Cela dit, affirme le journal, l’inimitié envers le Maroc du général Gaid Saleh, l’homme fort de l’armée, qui après son alliance avec le clan du président est devenu très influent, n’est un secret pour personne.

Dans cette longue analyse consacrée par le journal à cette situation aberrante entre deux voisins, Al Massae a survolé les quarante dernières années de guerre diplomatique algérienne contre le Maroc. Les diplomates de ce pays ont fait de cette doctrine un agenda permanent. L’Algérie arme et finance le Polisario. Elle finance ses sorties internationales, agit pour son compte là où il ne peut pas accéder, organise congrès et rencontres internationales sur son territoire pour promouvoir ses thèses, achète le soutien des Etats d’Afrique et d’ailleurs à coup de pétrodollars et finance des médias pour relayer son discours.

Les altercations verbales entre les diplomates algériens et leurs homologues marocains au sujet du Sahara dans les arcanes de l’ONU et autres instances internationales font légion. De même, aussi bien ceux de l’Etat que ceux dits «indépendants», mais financés par des milieux financiers et des groupes d’intérêts proches du pouvoir, les médias algériens sont devenus une machine de propagande dirigée en permanence contre le Royaume. Naturellement, le Maroc ne se laisse pas faire, ses victoires diplomatiques, sa récente percée en Afrique et son retour triomphal à l’Union africaine en sont les preuves. 

Par Amyne Asmlal
Le 02/02/2018 à 21h18