Al Adl Wal Ihssane a organisé récemment une conférence à Tanger où il a convié des acteurs politiques de gauche comme de droite. Et cela pour dire, au moment où la formation du gouvernement souffre un blocage, que «sa lecture de la situation politique s’est confirmée», rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du 9 janvier.
Al Adl a profité de l’occasion pour appeler ses «nouveaux partenaires» à «un dialogue et à un questionnement de l’horizon commun», sans tenir compte des idéologies et des clivages politiques. Ce faisant, la Jamâa rappelle que sa vision du changement est inspirée des slogans scandés lors des manifestations du 20 février et les revendications que portaient les initiateurs du mouvement. Cependant, pour les faire aboutir cette fois et ne pas tomber dans les erreurs du passé, les dirigeants de l’organisation proposent un nouveau contrat et des garanties entre les initiateurs du mouvement pour que «la volonté populaire ne soit pas dispersée et contournée cette fois».
Concrètement, le mouvement de feu Abdessalam Yassine appelle à un débat national global qui concernera toutes les composantes de la société, sans tomber dans le piège de la dialectique intellectuelle et politique. Avec plusieurs objectifs dans la foulée: l’élaboration d’une charte nationale, l’élection d’une assemblée fondatrice qui rédigera une nouvelle Constitution, la nomination d’un gouvernement d’union nationale pour gérer une période de transition qui devrait déboucher sur l’organisation d’élections libres et transparentes.
Soit, cela dit en passant, la recette qu’on nous vendait sous l’étiquette du Printemps arabe qui a plongé bien des pays de la région dans le chaos et la guerre civile. Mais il semble qu’Al Adl ne soit pas conscient de cette donne. Les disciples de feu Abdessalam Yassine continuent d’insister, en effet, sur la création d’un «bloc politique et social commun» dont les composantes partagent les mêmes principes que sont le combat de l’autoritarisme et de la corruption. Pour cela, le mouvement a proposé de commencer par fixer des objectifs concrets et initier un dialogue permanent.
Abdellah El Harrif, ancien patron d’Annahj, qui était également de la partie, a insisté, lui aussi, sur le dialogue, «qui est aujourd’hui une nécessité historique», entre différentes composantes de la société. Mais tout en écartant l’«Autorité» et les «parties qui manquent d’autonomie et d’indépendance».