Ahmed Senoussi a, voici longtemps de cela, occupé la scène humoristique marocaine, non sans talent et un certain sens du verbe. Les générations ayant grandi dans les années 70 et 80 se souviennent encore de lui, certes vaguement. Ses sketches étaient diffusés sur la TVM, on allait le voir en spectacle, avec son acolyte Baz. Le duo que formaient Bziz et Baz nous avaient fait rire, oui. Mais un court moment seulement. Et c’était il y a déjà bien plus de trente ans…
Ayant désormais déserté la scène et oublié l’humour qui a fait son succès et a fortement contribué à sa notoriété passée, Ahmed Senoussi s’est depuis bien longtemps déjà converti tantôt en syndicaliste d’extrême-gauche, tantôt en activiste radicalement opposé à tout ce qui pourrait positivement signifier que le Maroc avance. Et tout cela, sans jamais avoir réussi à renouer avec son panache et réussite d’antan...
Bziz est devenu, depuis des décennies déjà, un obscur militant, présent à toutes les manifestations mais sans pour autant y briller. Bref, Bziz s’est fané. Il a tout simplement abandonné le champ, pourtant fertile, de son art pour devenir un clown triste, au discours politique usé, dénué de toute forme de création, et entièrement dépourvu de la moindre dose d’humour.
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Sorti par la petite porte par le grand public qui le délaisse désormais, le voici qui tente actuellement de revenir par la fenêtre.
Car Bziz s’agite… D’abord par des posts sur Facebook, qu’il croit être corrosifs et critiques à l’égard des institutions marocaines. Lorsqu’il a été interpellé pour des propos publics, tenus sur ce réseau social, où il a dénigré les verdicts rendus par la justice, dans un procès comme celui des événements d’Al Hoceima, comme ce fut le cas le 6 décembre dernier à Casablanca, il a été le crier sur tous les toits. Attirer l’attention sur lui: voilà son but…
Et c'est en adoptant une posture victimaire devant les médias qui veulent encore l’écouter et relayer son jeu trouble, celui d’un artiste censuré et opprimé par les autorités, qu'il procède. Il n’y parvient toutefois pas. Ou alors très mal.
Et comme pour tenter de faire d’une pierre, deux coups, c’est-à-dire de justifier son interpellation, mais aussi (et surtout) l’échec patent de sa carrière en tant qu’humoriste, Bziz a décidé de rejouer cette vieille antienne d’une censure, laquelle date de plus de 30 ans, et qui fut surtout le fait des médias publics.
La vérité est, en fait, ailleurs. «Assister à une rencontre entre un haut responsable du pôle public et Bziz, lors de laquelle le premier suppliait presque l’humoriste de proposer un concept ou un show à diffuser, c’est nuancer non seulement l’assertion, mais la sincérité même de celui qui en est l’auteur», nous affirme ainsi une source bien informée.
Le fait avéré est qu’en tant qu’artiste, censé élever les esprits et passer des messages par la voie de l’humour, Bziz, aujourd’hui dépassé, n’a désormais plus rien à proposer. Rien n’est plus triste qu’un humoriste qui ne fait plus rire personne. Bziz aurait pu passer tous les messages, critiquer acerbement la société, tirer à boulets rouges contre ses adversaires mais à travers le médium de l’art, en exploitant les ressources de l’humour et de l’écriture. Mais visiblement en panne de création, il tient des discours plats où la virulence de la critique est supposée faire oublier le défaut de talent.
Ce que savent aujourd’hui faire avec classe et brio des Hassan El Fad, des Gad El Maleh et des Jamal Debbouze, Bziz, lui, n’y arrive plus: faire rire. Dans le show-business, cette bien malheureuse situation porte un nom: cela s’appelle devenir has-been.
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Bziz, qui avait ses entrées au Palais du temps du défunt roi Hassan II, semble avoir oublié qu’il a joué les amuseurs de la galerie. Il a été introduit d’ailleurs dans l’entourage de Hassan II par le général Ahmed Dlimi. L’ancien bouffon des puissants s’érige désormais en éveilleur de consciences, mais sans talent ni joie. C’est son humour et sa capacité à faire rire qu’il doit désormais questionner. Autrement dit, être à même de se remettre en question, exercice difficile, s’il en est.
Sinon, à quoi bon le subir dans les médias du pôle public audiovisuel et pour quelles raisons supporter ses rancœurs et son amertume? Pour cet homme, comme pour sa carrière, le constat est bien amer. Aigreurs et nostalgie bien mal placée ne remplaceront jamais le talent. Celui de Bziz a aujourd’hui disparu…













