«Depuis trois ans, on enfonce dans les esprits que notre problème est lié au prix du pétrole… C’est-à-dire, la faute à l’étranger? En fait, cette baisse du prix du pétrole a levé le rideau sur une situation tragique entièrement due à l’incurie de la gouvernance politique: nous vivons avec une richesse que nous ne créons pas».
Le diagnostic est sans appel et c’est un homme d'Etat qui vient de le dresser, en l’occurence l’ancien Premier ministre algérien, Ahmed Ghozali. Dans une interview au site d’information en continu «Tout sur l’Algérie», l’ancien chef de l’Exécutif algérien, qui évoquait la réunion informelle tenue par l’OPEP fin septembre à Alger, un «non-événement», dit-il, estime que l’Algérie ne sortira pas de la crise, même avec un baril de pétrole à 150 dollars!
Il ne faut donc pas se tromper d’enjeu, qui n’est surtout pas là où le pouvoir le pointe. Le «ramdam» créé par ce même pouvoir autour du plongeon des prix du pétrole, visait plutôt à «préparer les Algériens à une réduction drastique d’un train de vie artificiel en leur faisant croire que le gouvernement n’est pas responsable de la situation et que celle-ci dépend des pays qui décident du prix du pétrole, notamment l’Arabie saoudite», démasque l’ancien Premier ministre algérien.
«Le problème central de notre pays est dramatiquement plus grave: la faillite de la gestion économique du pays», a-t-il pointé. «Nous vivons avec une richesse que nous ne créons pas. Pendant quinze ans, on a jeté par les fenêtres des brassées de milliards de dollars, on a endormi l’opinion dans l’euphorie financière artificielle. Je ne contribuerai pas à alimenter cette grossière propagande qui consiste à anesthésier encore le peuple algérien», précise Ahmed Ghozali.
Pas moins de 800 milliards ont en effet été glanés et dilapidés durant «l’embellie pétrolière» (deux premiers mandats du président Bouteflika), dans des projets grandiloquents mais sans impact économique aucun, dans l’acquisition d’armements en surabondance et dans l’achat de la «paix sociale», quand ce n’est pas des «soutiens», en Afrique et en Amérique Latine, notamment, rien que pour contrer les intérêts de pays voisins, le cas échéant l’intégrité territoriale du royaume du Maroc.
Il en ressort que le problème en Algérie, comme l’atteste Ahmed Ghozali, est d’ordre structurel et non pas conjoncturel (baisse des cours du pétrole). Le plongeon des prix des hydrocarbures n’a fait que lever le voile sur une faillite annoncée. Non seulement du système économique, mais de tout le régime en place!