Il y a quelques jours, le Maroc accueillait un événement majeur. 21 des 23 pays de la façade atlantique de l’Afrique se sont retrouvés, à Rabat, pour la relance de l’Initiative Afrique Atlantique (IAA). Cette initiative, qui date de 2009, commente l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 10 juin, vient d’être institutionnalisée avec la réactivation de son Secrétariat général, basé à Rabat, et la création de trois groupes de travail.
Citant le ministre des Affaires étrangères, l’hebdomadaire souligne que l’Afrique Atlantique n’est pas seulement une entité géographique mais bien plus, «un espace géostratégique fondé sur une identité commune». C’est une affirmation fort significative. En effet, pour comprendre sa portée, il faut l’inscrire dans son contexte, note La Vie éco. Il faut d’abord noter que le contexte de l’émergence de l’idée d’une Afrique Atlantique, en 2009, à sa concrétisation cette semaine, présentent certaines similitudes.
La plus importante étant qu’à cette époque, le Monde sortait de la crise de 2008. Aujourd’hui, les États font face au double impact de la crise sanitaire du Covid et du conflit russo-ukrainien, sur l’économie mondiale. Comme lors de l’après-crise de 2008, l’Afrique est encore une fois livrée à elle-même. Dans les deux cas, cette alliance entre pays africains a été pensée pour répondre à un contexte de changement mondial. Elle ne vient pas se substituer aux instances existantes, mais comme une nouvelle dynamique régionale qui rassemble trois des cinq premières économies d’Afrique, 46% de la population et plus de la moitié du PIB du continent. C’est une initiative qu’il fallait donc inscrire dans un cadre régional plus large, l’Union Africaine. Et la réintégration du Maroc à l’UA, en 2017, répond en partie à cette quête d’institutionnalisation, note l’hebdomadaire.
Cela d’autant que cette initiative s’inscrit pleinement dans la nouvelle doctrine diplomatique du Royaume, dont les principaux piliers sont la coopération Sud-Sud, le partenariat multidimensionnel gagnant-gagnant et la co-création de richesses. La relance de l’IAA intervient également au moment où le dossier du Sahara est matériellement clos. Il ne reste plus que la touche «légale» de l’ONU, qui ne saurait tarder pour déclarer cette affaire définitivement réglée.
Dans le même contexte, on pourra également citer l’initiative marocaine pour parachever le processus de délimitation de ses frontières maritimes. Aujourd’hui, c’est l’un des points de la feuille de route de la relance des relations maroco-espagnoles. Dans le contexte de la géopolitique énergétique avec les tensions sur le marché de l’énergie, exacerbées par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, le projet de construction du gazoduc Nigeria-CEDEAO-Maroc est un élément d’intégration régionale qui joue en faveur de cette initiative atlantique.
Il ne faut pas non plus oublier que cette initiative répond parfaitement aux ambitions de repositionnement régional et international du Royaume. Ce qui est tout à fait légitime. Elle permettra sans doute au Maroc de se positionner par rapport aux évolutions futures de l’espace atlantique.
En effet, aujourd’hui, avec les événements qui se sont succédés ces dernières années, la crise sanitaire, la signature de la déclaration tripartite Maroc-USA-Israël, les développements qu’a connus la question du Sahara, le conflit russo-ukrainie, tout porte à croire que le Royaume est pleinement inscrit dans l’évolution future de la géopolitique régionale et continentale. Avec les Etats-Unis, le Brésil, le Canada ou encore le Royaume-Uni, le Maroc peut donc raffermir cette conscience de la côte atlantique comme espace géopolitique propre.