L’affaire du journaliste Slimane Raïssouni, accusé d’agression sexuelle et de séquestration, divise les associations des droits de l’Homme qui reprochent à la Coalition marocaine des instances des droits de l'Homme (CMIDH), dominée par l’AMDH, sa précipitation à prendre position et son manque de neutralité. En effet, plusieurs associations dénoncent la transformation de la CMIDH en tribune politique, puisqu’elle a pris position sans aucune concertation avec l’ensemble de ses composantes. C’est ainsi que l’adjoint du président de la coordination de cette Coalition, Zoheir Asdor, déclare que «le communiqué publié par le secrétariat exécutif de la CMDIH soutenant le journaliste Slimane Raïssouni est inapproprié, d’autant que la plupart des membres du comité créé à cet effet sont issus de la Coalition. De plus, cette affaire en est toujours au stade de l’instruction sachant que, dans pareil cas, c’est la présomption d’innocence qui prime».
Par conséquent, ajoute Maître Asdor, son association n’est nullement concernée par ce communiqué et a toujours été contre la création de ces comités au sein de la CMDIH. Pour sa part, l'Instance marocaine des droits de l'Homme (IMDH) s’est dite surprise, comme le reste des associations, par la rapidité qui a marqué la publication de ce qu’on a appelé le «Communiqué de la CMIDH relatif au journaliste Slimane Raïsouni».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 2 juin, qu’il est clair que ces divergences au sein de la coalition ne datent pas d’hier quand on lit la riposte de l’IMDH: «Encore une fois, nous exprimons notre mécontentement, au sein de l’IMDH, quant au non-respect des principes de neutralité dans le traitement de plusieurs affaires des droits de l’Homme dont les tenants et aboutissants n’ont pas été appréhendés de manière claire et définitive. Une approche qui permet à toutes les composantes de la CMDIH de prendre une position saine, neutre et objective garantissant l’unité et la continuité de cette instance. Du coup, notre association affirme sans ambages qu’elle n’est aucunement concernée par ledit communiqué».
Le président de l’Association médicale de réhabilitation des victimes de la torture (AMRVT) est allé dans le même sens en rappelant que la CMDIH devrait préserver sa neutralité en demeurant à équidistance des deux protagonistes (les présumés accusé et victime). Le président de l’association Rif des droits de l’Homme a été plus critique vis-à-vis du communiqué dit de soutien à Raïssouni en usant de l’artillerie lourde: «Nous avons toujours critiqué cette méthode propagandiste en limitant le travail de notre association à son action militante pour la défense des droits de l’Homme et en émettant un message qui respecte l’universalité du discours des conventions internationales des droits de l’Homme. Lequel message défend les mécanismes d’un procès équitable loin de toute transformation de l’association en tribune où se débitent des propos politiques radicaux et propagandistes».