La Chambre criminelle près la Cour d’appel de Fès va ouvrir, ce mardi, le procès de quatre accusés tous affiliés au PJD. Ces derniers avaient été, auparavant, acquittés par deux Chambres criminelles dans l’affaire de l’assassinat d'un étudiant gauchiste, Mohamed Benaissa Ait El Jid, près de la cité universitaire Dhar El Mehraz, le 25 février 1993. Il s’agit de Taoufik Elkadi, professeur universitaire à la faculté de Settat et Abdelouahed Krioul, propriétaire d’une école privée à Rabat, poursuivis par le juge d’instruction pour «complicité d’homicide volontaire».Les deux autres accusés Kassim Abdelkebir, entrepreneur à Séfrou et Laajili Abdelkebir, fonctionnaire à l’ONEP de Fès, sont poursuivis pour «coups et blessures avec une arme blanche». Ce nouveau procès des quatre accusés fait suite à l’arrêt de la Cour de cassation qui a annulé le jugement d’acquittement prononcé par la Cour d’appel. C’est le procureur général près la Cour d’appel qui a interjeté appel en réclamant l’audition du témoin El Khammar Haddioui, qui n’avait pas été appelé à la barre lors des deux procès précédents.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 26 février, que 26 ans après l’assassinat de l’étudiant Ait El Jid, la Cour d’appel réexamine cette affaire qui n’a cessé de défrayer la chronique depuis le 25 février 1995. Ce jour-là, Ait El Jid fut sauvagement agressé par des étudiants islamistes qui l’ont extirpé du taxi et immobilisé avant de lui lancer une bordure de trottoir sur le crâne. Ait El Jid décédera le 1er mars 1995 des suites de ses blessures. Et c’est son ami El Khammar Haddioui qui racontera par la suite ce qui s’est passé et qui deviendra l’unique témoin de ce crime. D’ailleurs, la famille d’Ait El Jid, qui n’a jamais baissé les bras pour poursuivre les assassins de son fils, compte beaucoup sur le témoignage d’El Khammar après le décès du chauffeur du taxi. Ce dernier avait livré son témoignage à la police judiciaire lors de l’enquête préliminaire, au cours de l’année 1994, avant que le dossier ne soit transmis à la Cour d’appel de Fès.
Le 4 mai 1994, le témoin El Khammar Haddioui, Abdelali Hamieddine et Omar Rammach ont été condamnés à 2 ans de prison pour «participation à une rixe au cours de laquelle ont été exercées des violences ayant entraîné la mort». Les recours dans différentes juridictions ont confirmé le premier jugement mais cette affaire ne sera pas, pour autant, close définitivement. Trois plaintes seront déposées par la famille d’Ait El Jid contre Abdelali Hamieddine qui deviendra, par la suite, dirigeant du PJD. Il sera convoqué par le juge d’instruction en mars 2018 et sera inculpé, quelques mois plus tard, pour «complicité d’assassinat». La première audience de son procès a eu lieu le 15 décembre 2018 sous haute tension, puisque la PJD a mobilisé ses cadres et ses militants pour faire pression sur la justice. Le parti du chef du gouvernement a même constitué une commission spéciale présidée par Mustapha Ramid pour soutenir Abdelali Hamieddine. Le ministre des droits de l’Homme n’a pas hésité à s’attaquer à la justice coupable, d’après lui, d’avoir mis en examen un membre du PJD dont le procès a été reporté au 19 mars 2019.