Une preuve déconcertante des liens tissés par les services algériens avec le terroriste le plus recherché au monde, en l’occurrence l’ex-chef des «Signataires par le sang», l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, à l’origine des récentes sanglantes prises d’otages de Bamako (Mali) et du Grand-Bassam à Abidjan (Côte d’Ivoire). Et c’est Wikileaks qui vient de révéler ce lien avéré, en mettant en ligne, ce jeudi 16 mars, une plateforme permettant de consulter des emails envoyés à partir du serveur privé de l’ex-secrétaire d’Etat US Hillary Clinton entre les années 2010 et 2014.
Parmi les 30.322 emails présents sur le serveur de l’ex-chef de la diplomatie américaine, il y en a au ùoins un qui fait état d’une entente secrète entre les services du renseignement extérieur algérien (DDSE, relevant du puissant Département du renseignement et de la sécurité, DRS), et l’ex-chef des «Signataires par le sang», Mokhtar Belmokhtar, pour attaquer les intérêts marocains.
«Selon des sources ayant accès à la DGSE algérienne (DDSE, département du DRS, NDLR), le gouvernement de Bouteflika a conclu une entente très secrète avec Belmokhtar après le kidnapping en avril 2012 du consul algérien à Gao (Mali). En vertu de cet accord, Belmokhtar a concentré ses opérations au Mali et, occasionnellement, avec les encouragements de la DGSE algérienne, attaqué les intérêts marocains au Sahara occidental , est-il écrit dans l’email reçu par Hillary Clinton.
Pour rappel, des armes de fabrication russe avaient été introduites par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la localité marocaine d’Amgala, et découvertes par l’armée marocaine en ce mémorable 5 janvier 2011. Des armes et des munitions dignes d’un arsenal de guerre ont ainsi été saisies : 16 kalachnovs, 32 chargeurs, 1 lance-roquette (RPG) et 1 mortier !
La provenance algérienne de ces armes, -rappelons-le, de fabrication russe-, n’était pas à démontrer. Pas plus que les liens des services algériens avec cet «enfant du bled»,Mokhtar Belmokhtar, fidèle habitué des couloirs feutrés du fameux Département du renseignement et de la sécurité, DRS, alors sous la coupe du général Mohamed Lamine Mediene, alias «Tewfik».
Cette révélation met en évidence le rôle certifié des services algériens dans la déflagration que connaît non seulement la région sahélo-saharienne, mais aussi le chaudron libyen et la poudrière tunisienne, voire au-delà. Ce qui vient de se passer au Grand-Bassam, en Côte d'Ivoire, et bien avant à Ouagadougou (Burkina Fasso), ou plus encore à l'Hôtel Rhadison à Bamako (Mali), théâtres de sanglantes prises d'otages perpétrées par les terroristes de Mokhtar Belmokhtar, offre ici une preuve affligeante de ce rôle préoccupant des services algériens dans la mise en danger de la sécurité régionale.
Au-delà des "Signataires par le sang", qui a fusionné récemment avec Al-Qaïda au Maghreb Islamique, il faut noter que les services algériens avaient joué un rôle insoupçonné dans les événements sanglants qu'a connus le Mali, en instrumentalisant les soi-disant "Ensar eddine", dirigés par l'Algérien Lyad Ag Ghali (né dans la région du Hoggar, sud algérien), et vieil ami de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario.
Tout bien considéré, une enquête internationale s'impose pour tirer au clair ce rôle très dangereux joué par le voisin algérien dans la déstabilisation de la région.