La nouvelle, annoncée par le cabinet royal en ce mémorable vendredi 15 mai, a pris de court tout le gotha des observateurs. «Abdellatif Hammouchi prend les rênes de la Direction générale de la sûreté nationale, tout en continuant d’assurer ses fonctions à la tête de la Direction générale de la surveillance du territoire». Deux directions, tout aussi stratégiques que la DGST et la DGSN, seront désormais sous la responsabilité d’un seul homme qui, plus est, un quadra. Un «précédent», s’accordent à dire les analystes. Certes, mais l’homme n’en est pas à son premier coup d’éclat.
A 35 ans, Abdellatif Hammouchi est déjà patron de la Direction générale de la surveillance du territoire! Une ascension qui n’est pas le fruit du hasard, d’autant plus que l’auteur, depuis sa nomination à la tête de la DGST en 2005, a réussi d’excellentes preuves dans la lutte antiterroriste, à travers la mise en œuvre de cette «guerre préventive» qui a permis la neutralisation de pas moins de 132 cellules terroristes. Un résultat qui a valu au royaume ce privilège enviable de s’ériger en modèle régional, voire international. L’éclat de la DGST rejaillit au-delà des frontières, tant et si bien que son patron a été décoré, en février dernier, d’une prestigieuse distinction de la part des autorités madrilènes. Et ce n'est pas tout! La France, après la parenthèse d'une année de brouille diplomatique avec Rabat, suscitée par la "convocation" du patron de la DGST en février 2014, s'est rachetée et a choisi une date symbolique et chère aux Français pour rectifier le tir: décorer Abdellatif Hammouchi, le 14 juillet prochain, lors de la Fête nationale française.
Face à cet intérêt remarqué et remarquable pour Abdellatif Hammouchi, surgit la question: "Mais quel en serait le secret?". Al Ahdate Al-Maghribia, dans son édition de ce lundi 18 mai, nous dresse, au fil de moult descriptions, le portrait de «cet homme du renseignement qui a forcé le respect, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du royaume». «C’est un homme généralement inconnu des Marocains. Il préfère travailler dans la discrétion, à l’abri des regards et des projecteurs», décrit le quotidien. Une discrétion qui, au regard du métier de renseignement, semble naturelle, mais au fond, est chevillée corps et âme à la personne de Hammouchi.
«Hammouchi, alors étudiant à l’Université Mohammed Ben Abdellah de Fès, a toujours su rester loin des confrontations idéologiques qui opposaient islamistes et gauchistes, préférant se concentrer plutôt sur ses études», indique Al Ahdate Al-Maghribia, relevant que le haut diplômé intègre, dès l'âge de 27 ans, le corps de la sécurité, où il s’est vite fait remarquer par son sens élevé de la discipline, ses qualités morales, mais aussi et surtout par sa capacité à anticiper et déchiffrer les grandes problématiques se rapportant à la sécurité. Une capacité qu'il mettra à l'épreuve avec brio, lors des attentats terroristes survenus en ce tristement célèbre 16 mai 2003 à Casablanca. Deux ans plus tard, en 2005, il est nommé Directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire. Une première, puisque jamais aucun de ses prédécesseurs n'a pu accéder à ce poste à l'âge de 35 ans!
Nouveaux défis sécuritairesSurnommé «L'homme des missions difficiles», Abdellatif Hammouchi est appelé désormais à «insuffler une nouvelle dynamique à la Direction générale de la sûreté nationale», fait valoir Assabah dans sa livraison de ce lundi 18 mai. Notant que la nomination est intervenue à l’occasion de la célébration par le royaume du 59ème anniversaire de la création des FAR, vendredi 15 mai courant, le quotidien explique, au-delà de la symbolique du timing, l'enjeu de cette désignation pour le pôle sécuritaire, renseignement et opérationnel, et le rôle qu’Abdellatif Hammouchi est appelé à jouer pour mieux coordonner leurs actions et optimiser leur efficacité.
«Les menaces terroristes mettent sécurité et renseignement aux mains de Hammouchi», relève, pour sa part Akhbar Al Yaoum, expliquant, au-delà du mérite professionnel du désormais patron du pôle DGST-DGSN, les nouveaux défis sécuritaires posés par le crime organisé qui se développe à une cadence préoccupante.
Après le renseignement, il était temps d’opérer une mise à niveau de la DGSN qui ne peut plus continuer de fonctionner selon un schéma classique face au développement du crime. Pour cela, Abdellatif Hammouchi était tout indiqué pour relever ce nouveau challenge. L’homme de la situation par excellence!