Et si les prisons étaient effectivement des laboratoires pour la formation de futurs jihadistes? C’est en tout cas la thèse qu’a défendue, samedi dernier, le Cheikh salafiste Abdelkrim Chadli qui intervenait à l’Université Hassan II dans le cadre d’une conference débat dédiée aux politiques sécuritaires et la lutte contre le terrorisme.
Dans des propos rapportés par Assabah dans son édition du lundi 27 mars, le salafiste se dit convaincu que les prisons sont des usines qui fabriquent des terroristes, expliquant que lors de son incarcération, il avait rencontré des jeunes qui sont devenus, après leur libération, de hauts cadres de Daech en Syrie et en Irak.
Pour convaincre l’audience, Chadli a cité l’exemple de Brahim Bencheqroun qui avait fondé en 2013 un mouvement terroriste en Syrie avant d’être tué en avril 2014. Le salafiste a croisé ce dernier en prison et assure qu’il était «un homme gentil» en entrant en prison, avant de devenir un leader dans une organisation terroriste.
Bencheqroun est l’exemple même de ces jeunes Marocains qui se sont retrouvés aux plus hauts rangs de Daech après avoir été formés au sein des prisons marocaines où ils étaient incarcérés. Certains d’entre eux, affirme Abdelkrim Chadli, tentent depuis plusieurs jours de fuir l’organisation terroriste mais se retrouvent bloqués aux frontières syriennes.
En fait, comme l’a souligné Assabah, la plaidoirie du cheikh salafiste avait principalement pour objectif de défendre sa proposition de révision de la loi anti-terroriste marocaine, en concevant un texte qui réponde aux spécificités propres du royaume et qui ne soit pas une copie de réglementations appliquées dans d’autres pays. Car, selon lui, une loi répressive peut être dissuasive, mais ne peut être une solution définitive contre le terrorisme.