Invité de l’émission «Points de Vue» par la chaîne Le Figaro TV, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger durant deux mandats (de 2008 à 2012, puis de 2017 à 2020) a révélé l’existence d’un accord datant de 2007 entre la France et l’Algérie qui exonère de visas tous les détenteurs algériens de passeports diplomatiques, un privilège arbitraire et insane dont bénéficient essentiellement les généraux et les caciques du régime d’Alger ainsi que leurs familles.
Driencourt a affirmé: «Il y a un dossier qui est un échange de lettres Kouchner-Medelci qui date de 2007 et qui exempte de visas tous les détenteurs algériens de passeports diplomatiques. Or, vous pouvez penser qu’en Algérie, les passeports diplomatiques sont diffusés très largement à toute la nomenclature algérienne: les diplomates, mais aussi les militaires, les politiques, leurs familles. Ils ont des passeports diplomatiques à vie, alors que du côté français, c’est quand même très limité».
«Moi, en quittant Alger, j’ai rendu mon passeport diplomatique au ministère des Affaires étrangères. Et donc, tous ces gens de la nomenclature algérienne viennent et peuvent venir en France sans visa pour faire leurs affaires financières, se faire soigner, etc. Et si on voulait envoyer un signal au système algérien, on commencerait à dénoncer cet accord. C’est un simple échange de lettres. Donc, le ministre des Affaires étrangères nommé par M. Barnier peut le faire sans même l’autorisation du président de la République», a-t-il expliqué.
Driencourt appelle, in fine, à une abrogation de cet accord, soulignant que le prochain locataire du Quai d’Orsay pourrait agir dans ce sens sans avoir besoin d’une approbation présidentielle.
Contrôle des élections par l’armée
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, les élections présidentielles ont été contrôlées, manu militari, par l’armée, comme le souligne également Xavier Driencourt dans cette interview. Selon lui, «pour toutes les élections présidentielles algériennes depuis 1962, il y a deux conditions: la première est d’être adoubé, plébiscité et choisi par l’armée qui fait le choix du candidat».
La deuxième, poursuit Driencourt, «est qu’il faut donner une apparence de démocratie en ayant des candidats qui semblent être des plantes vertes, des pots de fleurs ou des figurants. Sans cela, l’ONU, les ONG, l’Union européenne (UE), le parlement européen critiqueraient l’absence de démocratie dans les élections algériennes».