Violences à Cologne: Merkel pour l'expulsion de migrants condamnés

Des manifestants du mouvement islamophobe allemand PEGIDA, le 9 janvier 2016 à Cologne.

Des manifestants du mouvement islamophobe allemand PEGIDA, le 9 janvier 2016 à Cologne. . DR

Alors que le nombre des plaintes liées aux violences de Cologne dans la nuit du Nouvel An a grimpé à 379, la chancelière Angela Merkel s'est prononcée ce samedi pour l'expulsion de demandeurs d'asile condamnés. Cet après-midi, des manifestants de l'extrême-droite se sont heurtés à la police.

Le 09/01/2016 à 21h48

 Ce sont 379 plaintes qui ont été enregistrées ce samedi à Cologne, théâtre de violences le soir du Nouvel An. Environ 40% de ces plaintes portent sur des agressions sexuelles, a également précisé la police. Jusqu'à présent, il était question d'environ 170 plaintes déposées.

"Les personnes sur lesquelles enquête la police criminelle sont originaires en grande partie de pays d'Afrique du Nord. En grande partie, il s'agit de demandeurs d'asile et de personnes qui se trouvent en Allemagne illégalement", explique la police de Cologne.

Plus de 100 policiers sont désormais affectés à l'enquête concernant les violences perpétrées par des bandes d'hommes sur le parvis séparant la gare centrale de la cathédrale.

Vendredi soir, le ministère de l'Intérieur avait, quant à lui, déclaré que la police fédérale effectuait des vérifications sur 32 "suspects", dont 22 demandeurs d'asile, pour des violences et des vols. Ce groupe de personnes comprend notamment 9 Algériens, 8 Marocains, 4 Syriens, 5Iraniens, 1Irakien et 1 Serbe.

La chancelière allemande Angela Merkel s'est prononcée ce samedi en faveur d'un très net durcissement des règles d'expulsion de demandeurs d'asile condamnés par la justice en Allemagne, en l'autorisant même pour ceux condamnés à une peine avec sursis.

"Si les réfugiés ont commis un délit", cela doit "avoir des conséquences (...). Cela veut dire que le droit (de séjour) doit s'arrêter s'il y a une peine de réclusion ou même avec sursis", a déclaré Merkel, tirant les leçons des agressions sexuelles intervenues le soir de la Saint-Sylvestre à Cologne (ouest), qui impliqueraient des demandeurs d'asile.

Pour l'heure, selon la loi allemande, l'expulsion d'un demandeur d'asile n'a lieu qu'après une condamnation à au moins trois ans de prison, mais à la condition que sa vie ou sa santé ne soient pas menacées dans son pays d'origine.

Samedi après-midi, des heurts ont éclaté à Cologne entre des manifestants d'extrême droite hostiles aux immigrants et la police qui a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau, ont rapporté des médias.

La manifestation était organisée à l'appel du mouvement islamophobe PEGIDA (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident), créé à l'automne 2014 à Dresde (est) et a rassemblé environ 1.700 personnes, d'après la police.

Près de la moitié des manifestants étaient des hooligans prêts à en découdre, a estimé la police. Face aux partisans de l'extrême droite, plus de 1.300 contre-manifestants s'étaient rassemblés de l'autre côté de la place, criant "Nazis dehors !", tandis que les quelque 2.000 policiers présents maintenaient les deux camps à distance.

L'Allemagne a vu affluer 1,1 million de demandeurs d'asile, en 2015, et les violences du Nouvel An à Cologne ont créé un choc dans le pays, faisant croître les critiques à l'égard de la politique d'ouverture aux demandeurs d'asile suivie depuis septembre par Merkel.

Par Driss Douad (avec AFP)
Le 09/01/2016 à 21h48