«Y’en a marre des généraux». C’est par ce slogan, répété par des dizaines de milliers de gosiers, que les citoyens algériens ont répondu, ce vendredi 7 mai, à l’éditorial menaçant du dernier numéro de la revue El Djeich, porte-voix officiel de la junte militaire aux commandes en Algérie. L’éditorial des généraux a provoqué des réactions très vives parmi le peuple algérien qui a réaffirmé sa détermination à ne pas se laisser intimider par la terreur que cherchent à diffuser les généraux.
Les manifestants de ce 116e vendredi du Hirak ont en effet répondu du tac au tac à la revue de la junte militaire en brandissant des pancartes sur lesquelles est écrit: «Editorial de la revue du peuple: Un Etat civil, et non pas militaire».
A travers toutes les grandes villes d’Algérie, et particulièrement Alger, Béjaïa ou Tizi Ouzou…, dont les artères étaient bondées de manifestants, le Hirak a affiché sa fermeté d’aller jusqu’au bout, nonobstant toutes les tentatives de le diviser, de le diaboliser, en vue de le faire taire: «Dirou wach dirou, wallah mana habssine» (Faites ce que vous voulez, on ne s’arrêtera jamais). «On se s’arrêtera jamais!», c’est par ce cri que les Algériens ont bravé les manœuvres minables des généraux.
Pour rappel, à Alger, les autorités ont tenté de rééditer leur «blocage» des manifestations estudiantines de mardi dernier. Ainsi l’imposant cordon des forces de sécurité, déployé très tôt dans la matinée de ce vendredi à travers les principales artères de la capitale pour bloquer l’itinéraire habituel des manifestants, a fini par être débordé par la marée humaine qui s’est formée après la prière du vendredi.
Mieux, les manifestations d’Alger se sont étendues ce 7 mai au quartier populaire de Belouizdad et à celui d’El Harrach, connu pour sa prison où sont actuellement incarcérées plusieurs dizaines de hirakistes en grève de la faim.
Les manifestants ont surtout affiché, lors de ce 116e vendredi du Hirak, leur détermination à venir inéluctablement à bout de l’actuel régime vert-kaki et ses présidents civils parachutés. Ainsi, à l’adresse du président Abdelmadjid Tebboune, ils ont scandé: «Chwiya, bchwiya njibou lhouriya, ou n’dirou raïss andou charaiya» (petit à petit on arrachera la liberté et on installera un président légitime).
Néanmins, ce sont les militaires qui ont fait l’objet de la majorité des slogans chantés par le peuple. «Moukhabarat irhabya, tasqott lmafia al askaria» (Services de renseignements terroristes, à bas la mafia militaire) est l’un des slogans-phare de ce 116e vendredi. Ou encore «Moukhabarat irhabya, tahya Alhimaya Almadanya» (services de renseignements terroristes, vive la protection civile!». Le peuple apporte ainsi son soutien aux pompiers qui ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre.
Les repris de justice Toufiq/ Nezzar ont été de nouveau interpellés par les manifestants: «Moukhabat irhabya/ Toufiq, Nezzar Bandya/ manssinach tassïne/ ktltou gaâ zwalya» (Services de renseignements terroristes/ Toufik, Nezzar des bandits/ Nous n’avons pas oublié les années 90/ Vous avez assassiné le petit peuple).
Le peuple algérien a également réitéré son refus des élections législatives du 12 juin. Ainsi, face aux dernières mesures prises par le gouvernement et visant à sanctionner lourdement ceux qui s’opposeraient à ces élections, les manifestants ont scandé à nouveau: «makayn intikhabat maa el Issaba» (Pas d’élections avec le gang).
Ce 7 mai marque le dernier vendredi ramadanesque de l’année 2021 pour le Hirak. Le régime avait beaucoup parié sur le mois de ramadan– la soif et le jeûne aidant– pour que les manifestants marquent le pas. Il n’en a rien été. Et c’est par la détermination et la bravade que le peuple a choisi de répondre aux menaces des généraux. Les vendredis de l’après-ramadan risquent d’être décisifs… surtout pour le régime illégitime.