Etats-Unis, Union européenne, Allemagne, France, Royaume-Uni... tous ont appelé à la "libération immédiate" d'Alexeï Navalny.
Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé des réactions occidentales "déconnectées de la réalité" et une ingérence "dans les affaires d'un Etat souverain".
La juge Natalia Repnikova a estimé que le principal détracteur de Vladimir Poutine avait violé son contrôle judiciaire et devait en conséquence purger une peine de trois ans et demi de prison avec sursis à laquelle il avait été condamné en 2014 pour détournement de fonds, moins une dizaine de mois passés cette année-là en assignation à résidence.
Selon son avocate, Olga Mikhaïlova, son client devrait donc effectuer "environ" deux ans et huit mois de prison. Mais il fera appel.
L'ONG russe OVD-Info a annoncé que plus de 1.377 personnes avaient été arrêtées dans la journée de mardi lors d'actions pro-Navalny dans dix villes de Russie, pour l'essentiel à Moscou (1.116) et à Saint-Pétersbourg (246).
Une foule de policiers casqués et des fourgons cellulaires ont été rapidement déployés dans la nuit, au pied du Kremlin, puis à d'autres endroits de la capitale.
Des correspondants de l'AFP ont vu des dizaines de manifestants moscovites être frappés à coups de matraque.
Des médias russes ont également publié des vidéos montrant des protestataires poursuivis par la police dans le métro, ou d'autres sortis de force d'un taxi. Des violences contres des journalistes ont également été signalées.
"Poutine voleur!", ont scandé plusieurs centaines de manifestants à Moscou. "Il n'y a pas de justice dans ce pays", a réagi Oksana, 36 ans, auprès de l'AFP.
"Empoisonneur de slips"Il s'agit de la première sentence longue pour Alexeï Navalny, qui s'est spécialisé dans les enquêtes sur la corruption des élites et accuse le président russe d'avoir ordonné son empoisonnement en août.
L'opposant de 44 ans avait écouté le jugement, mains dans les poches, dans la cage de verre réservée aux prévenus. Il a adressé des signes de cœur à son épouse Ioulia.
A l'audience, il avait dénoncé une affaire destinée à "faire peur à des millions" de Russes.
"Vous ne pourrez pas emprisonner tout le pays!", a-t-il proclamé, en référence aux milliers d'arrestations ces deux derniers week-ends lors des rassemblements d'opposition les plus importants depuis des années.
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Alexeï Navalny a répété que Vladimir Poutine était celui qui avait ordonné au FSB, les services de sécurité, de l'empoisonner. Il "entrera dans l'histoire comme l'Empoisonneur de slips", a-t-il lâché.
En décembre, Alexeï Navalny avait affirmé avoir piégé au téléphone un agent du FSB qui révélait que le poison avait été appliqué sur un de ses sous-vêtements dans son hôtel en Sibérie.
Les autorités ont rejeté ces accusations. Des laboratoires européens ont eux confirmé l'usage d'un poison de type Novitchok, développé par l'URSS à des fins militaires.
"Pure lâcheté"L'affaire examinée hier, mardi 2 février 2021, concernait une requête des services pénitentiaires qui accusaient Alexeï Navalny de ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire dans le cadre de sa condamnation avec sursis.
L'intéressé a répondu avoir raté des rendez-vous du fait de sa convalescence en Allemagne. Mais la juge a estimé qu'il en avait manqué d'autres avant son hospitalisation.
L'opposant avait été arrêté le 17 janvier, à son retour en Russie.
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La tentative d'assassinat et l'interpellation ont déclenché une volée de critiques occidentales, sur fond de relations déjà délétères.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, est attendu vendredi à Moscou, alors que certains Etats membres prônent de nouvelles sanctions.
Mardi soir, le président français Emmanuel Macron a dénoncé l'emprisonnement d’Alexeï Navalny, estimant qu'"un désaccord politique n'est jamais un crime".
La chancelière allemande Angela Merkel a elle appelé à la fin de la répression des manifestations, tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé un verdict "d'une pure lâcheté".
L'opposant est encore la cible de multiples procédures. Vendredi, il comparaîtra pour "diffamation" envers un ancien combattant. Il est aussi accusé d'escroquerie dans un autre dossier.
Nombre de ses collaborateurs ont été assignés à résidence, incarcérés ou poursuivis.
L'opposant a néanmoins réussi à mobiliser des dizaines de milliers de partisans les 23 et 31 janvier dans une centaine de villes russes.
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Cette contestation intervient à l'approche de législatives à l'automne et sur fond d'impopularité du parti du pouvoir.
Elle est aussi alimentée par la diffusion d'une enquête d’Alexeï Navalny accusant Vladimir Poutine d'être le bénéficiaire d'un "palais" et qui a été vue plus de 100 millions de fois sur YouTube. Le président russe a dû démentir en personne.