Les manifestations coïncident avec la célébration du 8 mars, Journée internationale des Femmes, et nombre d'entre elles, de tous âges, figurent parmi les très nombreux manifestants continuant de converger vers la Place de la Grande-Poste, bâtiment emblématique du coeur de la capitale algérienne.
La place était noire de monde avant le départ prévu des cortèges qui s'ébranlent traditionnellement, depuis le début de la contestation le 22 février, à l'issue de la grande prière musulmane hebdomadaire, en début d'après-midi.
Les policiers, déployés en nombre, ne sont pas intervenus et aucun incident n'a été signalé. Un petit groupe de quelques centaines de jeunes a brièvement marché dans le calme dans les rues d'Alger.
Plusieurs véhicules anti-émeutes, dont un canon à eau, sont disposés près des lieux de rassemblements habituels. A chaque passage au-dessus d'eux de l'hélicoptère qui bourdonne dans le ciel d'Alger, les manifestants agitent leur drapeaux et sifflent.
Lors des précédentes manifestations, à l'exception de quelques heurts localisés en fin de rassemblements entre petits groupes de casseurs et policiers, les cortèges ont été pacifiques et se sont déroulés sans incident.
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Jeudi, Bouteflika, 82 ans, hospitalisé en Suisse depuis plus de dix jours et dont le retour en Algérie n'a toujours pas été annoncé a, dans un message à l'occasion du 8 mars, agité le spectre du "chaos" et dénoncé, sans les nommer, les ennemis "insidieux" et ceux "qui conspirent" contre l'Algérie.
En creux, le chef de l'Etat, très diminué par les séquelles d'un AVC dont il a été victime en 2013, réaffirme qu'il n'entend pas renoncer à briguer un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril.
Mais la rue algérienne ne semble pas prête non plus à céder, malgré les rappels du chef de l'Etat, présenté par ses partisans comme le garant de la paix, sur la "tragédie nationale" de la décennie de guerre civile et la déferlante du Printemps arabe.
Des périls brandis à plusieurs reprises par le camp présidentiel depuis le début de la contestation inédite depuis la première élection de Bouteflika à la tête de l'Etat en 1999, sans parvenir à faire baisser la mobilisation.
Les dirigeants "ne vont pas lâcher facilement, mais nous ne lâcherons pas non plus", a dit jeudi soir à l'AFP un chauffeur de taxi, alors que les Algériens parlent désormais ouvertement et en public de la contestation et de leur ras-le-bol.
"Dans mon quartier, le 22 février, moins de la moitié des habitants sont allés manifester, le 1er mars ils étaient environ deux sur trois à dire qu'ils iraient marcher et (ce vendredi), 100% des gens disent qu'ils seront dans la rue", a-t-il affirmé.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag "#Mouvement_du_8_Mars" s'est répandu ces derniers jours, appelant à une mobilisation massive à travers les grandes villes d'Algérie.
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Circulent également les "18 commandements des marcheurs du 8 mars" rappelant le caractère pacifique de la contestation.
Parmi ces commandements écrits par le poète et écrivain Lazhari Labter: "Pacifiquement et tranquillement je marcherai", "A aucune provocation je ne répondrai", "Les baltaguias (casseurs payés par le pouvoir) j'isolerai et à la police je les remettrai", "Pas une pierre je ne jetterai, "Pas une vitre je ne briserai", "Après la marche (...) je nettoierai".
A Alger, s'organisent également sur les réseaux sociaux des groupes de "brassards verts", volontaires qui s'occuperont d'orienter et encadrer les marcheurs, prévenir les risques de bousculades, apporter quelques premiers soins, notamment en cas de projection de gaz lacrymogènes et nettoyer les rues à l'issue de la manifestation.
Dans certains quartiers périphériques de la capitale, des propriétaires de véhicules ont organisé des navettes pour transporter ceux qui veulent manifester vers le centre-ville, ont indiqué certains d'entre eux à l'AFP.
"Ce vendredi 8 mars 2019 doit être un jour de fête, mettez vos plus beaux habits, soyez beaux pour l'Algérie, qu'elle soit fière de ses enfants" demande une internaute, Samira Kada, sur son compte Facebook.