Vidéos d’otages israéliens à Gaza: Netanyahu demande l’aide du CICR, le Hamas pose ses conditions

Des militants israéliens de gauche brandissent des pancartes et des portraits du militant Awdah Muhammad Hathaleen, tué par balles par des colons en juillet, selon le ministère de l'Éducation de l'Autorité palestinienne, lors d'une attaque présumée à Umm al-Khair, près d'Hébron. Ils réclament la restitution de son corps et la libération de sa famille dans le centre de Jérusalem le 3 août 2025. Awdah Hathaleen habitait Masafer Yatta, un ensemble de hameaux situés sur les collines au sud d'Hébron, déclarés zone militaire par Israël. Leurs efforts pour empêcher les forces israéliennes de détruire leurs maisons ont fait l'objet du film « No Other Land », qui a remporté l'Oscar du meilleur documentaire en mars. (Photo : Menahem Kahana / AFP). AFP or licensors

Alors que la situation humanitaire à Gaza se dégrade, Benjamin Netanyahu appelle le CICR à secourir les otages israéliens. La diffusion de vidéos glaçantes ravive la pression en Israël, tandis que le Hamas réclame l’ouverture de couloirs humanitaires.

Le 04/08/2025 à 06h59

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a sollicité dimanche l’aide du CICR pour fournir «nourriture» et «traitement médical» aux otages israéliens dans la bande de Gaza, en prévision d’une catastrophe humanitaire, où le Hamas a exigé en retour l’ouverture de «couloirs humanitaires».

La publication jeudi par le mouvement islamiste palestinien et son allié du Jihad islamique de trois vidéos montrant deux otages israéliens très affaiblis a ravivé en Israël le débat sur la nécessité d’arriver au plus vite à un accord pour libérer ces captifs, enlevés lors de l’attaque sans précédent du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Dans le territoire palestinien, dévasté par près de 22 mois de guerre qui a commencé par cette attaque et menacé de «famine généralisée» selon l’ONU, la Défense civile a fait état de 26 personnes tuées dans la journée par des tirs ou bombardements israéliens. Neuf d’entre elles attendaient de l’aide dans le sud près d’un centre de la GHF, la Fondation humanitaire de Gaza, soutenue par Israël et les États-Unis.

M. Netanyahu «a parlé avec le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge dans notre région», et a «sollicité son implication pour fournir de la nourriture à nos otages et leur prodiguer un traitement médical immédiat», a indiqué son bureau.

Peu après, la branche armée du Hamas a affirmé être prête à répondre «positivement» à toute demande du CICR, mais a exigé au préalable «l’ouverture de couloirs humanitaires (...) pour le passage de nourriture et de médicaments» dans la bande de Gaza.

«Aucun traitement de faveur»

«Les Brigades Qassam ne privent pas préférentiellement les prisonniers de nourriture, mais ils mangent ce que nos combattants et tout notre peuple mangent», soutient le mouvement, qui a prévenu: les otages «ne conserveront aucun traitement de faveur tant que se poursuivront le blocus et la politique de famine».

L’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, Danny Danon, a annoncé dimanche sur les réseaux sociaux que le Conseil de sécurité allait «se réunir ce mardi pour une réunion d’urgence sur la situation désastreuse des otages à Gaza».

Sur X, la délégation régionale du CICR a fait part de sa «consternation» après les récentes vidéos d’otages, affirmant que cette «situation désastreuse doit cesser». Le CICR a décliné tout autre commentaire dans l’immédiat.

M. Netanyahu, sous forte pression en Israël pour obtenir le retour des otages, avait auparavant fait part, via ses services, de sa «profonde consternation face aux enregistrements diffusés», et assuré la poursuite des «efforts pour ramener tous nos otages».

La veille au soir, des dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées à Tel-Aviv en soutien aux familles des otages.

Sur les images, les deux captifs, Rom Breslevski et Evyatar David, sont apparus très affaiblis et amaigris, dans une mise en scène visant à faire le parallèle avec la situation humanitaire à Gaza.

La séquence montrant Evyatar David qui semble creuser sa propre tombe, pelle à la main, dans un tunnel étroit où il est détenu, a particulièrement choqué.

M. Netanyahu, selon son bureau, a eu samedi «une longue conversation» avec leurs familles. «La cruauté du Hamas n’a pas de limite», a-t-il commenté, accusant de nouveau le mouvement islamiste «d’affamer également les habitants de la bande de Gaza, en les permettant de recevoir l’aide».

La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a déclaré «des images effroyables», et le président français, Emmanuel Macron, a fustigé une «cruauté abjecte» du Hamas.

Le chancelier allemand Friedrich Merz, s’est aussi dit «horrifié», tout en appelant Israël à poursuivre la livraison d’aide humanitaire à Gaza et à ne pas «répondre au cynisme».

«Protéger» les humanitaires

Israël, qui assiège plus de deux millions de Palestiniens de Gaza depuis le début de la guerre, a levé fin mai le blocus humanitaire total qu’il avait imposé début mars mais n’autorise l’entrée que de quantités d’aide limitées, jugées insuffisantes par l’ONU.

Dans le sud près du centre de la GHF, «les soldats ont ouvert le feu sur les gens. J’étais là, personne ne constituait une menace», a affirmé un témoin, Jabr Al-Sha’er, 31 ans.

L’armée a affirmé ne pas avoir connaissance de «victimes suite à des tirs» dans la zone.

Elle a également indiqué un «examinateur» des accusations du Croissant-Rouge palestinien qui a affirmé qu’un de ses employés avait été tué pendant la nuit dans une frappe israélienne ayant visé le siège de l’organisation à Khan Younès (sud). Le CICR s’est dit «consterné», exigeant le «respect» et la «protection» des personnels humanitaires.

Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 49 restent retenues à Gaza - dont 27 déclarées mortes par l’armée israélienne - après deux trêves ayant permis la libération des autres.

L’attaque a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 60.839 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Par Le360 (avec AFP)
Le 04/08/2025 à 06h59