Les services d'urgence de la capitale de l'industrie pétrolière américaine ont adressé dimanche matin un message des plus clairs: "Les personnes fuyant les inondations ne doivent pas en dernier recours rester dans le grenier. Si les étages les plus élevés de votre domicile deviennent dangereux... montez sur le toit".
Et d'ajouter: "Appelez 911 pour obtenir de l'aide et restez en ligne jusqu'à ce que quelqu'un décroche".
"C'est grave et ça va empirer", a prévenu le gouverneur du Texas Greg Abbott, sur Fox News Sunday, soulignant que les dégâts atteindront "des milliards de dollars".
Des avis d'inondations soudaines ont été émis dans la région et les services météorologiques (NWS) ont accentué leurs mises en garde sur le fait que la "menace d'inondations catastrophiques, sans précédent et potentiellement mortelles persiste aujourd'hui et la semaine prochaine".
Car ce n'est pas terminé. D'après le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC) à 12H00 GMT, entre 38 et 63 cm de pluie devraient encore tomber d'ici jeudi.
Le plus puissant ouragan à frapper les Etats-Unis depuis 2005 et le Texas depuis 1961, rétrogradé depuis en tempête tropicale, ne bouge quasiment plus (2 km/h) et va donc déverser ses trombes d'eau sur les mêmes régions. L'ouragan a frappé le littoral vendredi soir en catégorie 4 -sur une échelle de 5- mais ses vents se sont essoufflés et n'atteignent plus que 75 km/h.
Les garde-côtes, qui ont secouru une trentaine de personnes, ont dit dimanche matin avoir reçu plus de 300 appels de détresse dans la région de Houston où ils ont mobilisé cinq hélicoptères MH-65 Dolphin. Ils ont demandé le renfort d'hélicoptères à La Nouvelle-Orléans et auprès de la Garde nationale aérienne.
L'aéroport Hobby, deuxième plus important de Houston, a fermé: ses pistes sont sous l'eau. Le plus important, George Bush International, a annulé plusieurs vols.
"La plupart des endroits de la ville subissent des inondations. Ne pensez pas qu'il est sûr de conduire n'importe où dans la ville", a tweeté le chef de la police de Houston, Art Acevedo.
Les autorités de cette ville de 2,3 millions d'habitants les ont appelés à rester chez eux, les rues s'étant transformées en rivières au débit rapide.
La tempête a fait au moins deux morts et plusieurs blessés dans cet Etat du sud des Etats-Unis, où de nombreuses routes sont totalement submergées et des zones entières encore inaccessibles. Selon M. Abbott, il est encore trop tôt pour donner un bilan.
Des milliers d'habitants ont suivi les directives d'évacuation. Selon la Croix-Rouge américaine, plus de 1.800 personnes ont trouvé refuge samedi soir dans 35 abris au Texas et en Louisiane.
Sur la côte, l'heure était à la découverte des dégâts et au déblayage. Les routes ont été submergées par les flots marins ayant parfois gonflé de quatre mètres, des toitures ont été arrachées quand les maisons n'ont tout simplement pas été rasées, les lignes électriques ont été coupées.
A Port Aransas, l'une des premières villes touchées par l'ouragan, des bateaux ont même échoué au milieu des rues ou contre des bâtiments.
"Il nous faudra des années pour nous remettre de ce désastre", a estimé le responsable de l'Agence fédérale des situations d'urgence Brock Long.
Le président Donald Trump, qui a signé dès vendredi une déclaration de catastrophe naturelle, a confirmé dimanche sur Twitter qu'il se rendrait au Texas "aussitôt que le déplacement pourra se faire sans provoquer de perturbation. La priorité doit être à la vie et à la sécurité". Il s'est aussi félicité du "talent" et de l'efficacité des secours.
"Nous avons déjà subi un coup sévère avec la tempête mais nous en anticipons un autre avec les inondations qui vont arriver de l'intérieur des terres" où Harvey s'est ancré, a déclaré samedi C.J. Wax, maire de Rockport, sur CNN.
"Les mêmes endroits vont recevoir la pluie pendant les prochains jours", a en effet relevé auprès de l'AFP Brian McNoldy, chercheur sur les ouragans à l'université de Miami. "C'est assez inhabituel" qu'un ouragan fasse du sur-place.
Environ 4.500 prisonniers du centre de détention de la ville de Rosharon, au sud de Houston, ont dû être évacués face à la montée des eaux d'une rivière proche. Et des dizaines de milliers de personnes étaient privées d'électricité.
Par ailleurs, le passage de l'ouragan pourrait affecter les cours du pétrole. En effet, la côte texane accueille près d'un tiers des capacités de raffinerie de pétrole des Etats-Unis et le Golfe du Mexique 20% de la production américaine.
Au moins 112 plateformes ont été évacuées, représentant environ un quart de la production quotidienne de brut et de gaz, et de nombreuses installations à terre fermées.
Harvey a ravivé aux Etats-Unis le traumatisme de Katrina, qui a provoqué en 2005 une catastrophe humanitaire avec plus de 1.800 morts et la destruction de quartiers entiers de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane voisine.
La région Houston/Galveston a reçu plus de 60 cm de pluie lors des dernières 24 heures, selon le NWS. Son antenne de Houston a prévenu que les "inondations catastrophiques vont empirer et pourraient être historiques".