Le conservateur Mariano Rajoy, bête noire des indépendantistes, est attendu à 11h00 (10H00 GMT) dimanche, dans un hôtel de la gare de Barcelone, un peu plus de deux semaines après la suspension de facto de l'autonomie régionale juste après le vote d'une déclaration d'indépendance par son Parlement.
Il s'y rend pour la présentation officielle du candidat de son parti pour les élections régionales du 21 décembre.
M. Rajoy avait convoqué ces élections après avoir destitué le gouvernement séparatiste de Carles Puigdemont, et dissous le Parlement, pour "rétablir l'ordre constitutionnel", suite au défi sans précédent posé par les indépendantistes de cette région où vivent 16% des Espagnols.
Il espère gagner des voix dans le camp des électeurs jusque-là moins mobilisés qui veulent rester espagnols.
Son parti n'avait obtenu que 8,5% des voix lors des dernières régionales en Catalogne, largement concurrencé par la jeune formation libérale Ciudadanos, deuxième force politique de la région, anti-indépendantiste et qui lui reproche sa corruption.
La réunion intervient au lendemain d'une manifestation à Barcelone réclamant la libération d'une dizaine de dirigeants séparatistes, le noyau dur du mouvement incarcéré dans des enquêtes pour "rébellion", et "sédition".
Les puissantes associations indépendantistes qui l'organisaient -l'Assemblée nationale catalane et Omnium cultural- ont montré qu'elles avaient encore la capacité de mobiliser.
"Liberté pour les prisonniers politiques", "Nous sommes une République", clamaient deux banderoles en tête du cortège samedi, "forces d'occupation, dehors!" entendait-on dans la manifestation qui a rassemblé près de 750.000 personnes, selon la police municipale.
Dimanche, M. Rajoy ne fera donc pas de bain de foule.
Accompagné de la ministre de la Défense, Maria-Dolores de Cospedal, il participera simplement au meeting de présentation de son candidat Xavier Garcia-Albiol.
Beaucoup en Catalogne, même non indépendantistes, lui reprochent d'avoir mené un combat contre la très large autonomie de la région gagnée avec le soutien des socialistes en 2006.
Ce combat du PP contre le "Statut" ayant accordé de larges compétences à la région, avait débouché sur son annulation partielle par la Cour constitutionnelle en 2010, vécue comme une humiliation par beaucoup.
M. Rajoy, qui a dirigé personnellement cette campagne, a accédé au pouvoir en 2011 et a toujours refusé les demandes de la Catalogne d'une meilleure répartition des rentrées fiscales de la nation, puis, avec insistance, la tenue d'un référendum d'autodétermination que les séparatistes ont fini par organiser en ignorant son interdiction par la justice.
Les indépendantistes assurent avoir gagné ce scrutin avec 90% des voix et 43% de participation.
Mais leur rêve d'indépendance n'a duré que quelques heures, jusqu'à la mise sous tutelle de la région.
En outre, la justice a placé en détention provisoire une grande partie de l'Exécutif indépendantiste destitué, huit "ministres conseillers" et lancé un mandat d'arrêt contre Carles Puigdemont et quatre autres ministres, partis en Belgique.
Des manifestants affirmaient cependant samedi leur détermination à atteindre un jour leur objectif.
"Si nous n'y arrivons pas, nos enfants y arriveront", voulait croire Rocio Morata Cabello, dirigeante d'entreprise de 42 ans présente avec ses filles adolescentes. Elle assurait ressentir à la fois "de la colère, de l'indignation mais aussi de la fierté" de voir tant de gens dans les rues.
La région est profondément divisée et les sondages prédisent un score très serré entre les partisans de l'indépendance, qui avaient obtenu 47,8% des voix en 2015, et ceux de l'Espagne.
La maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, a dénoncé les arrestations de séparatistes mais elle s'est aussi livrée samedi à une charge virulente contre le "gouvernement irresponsable" de Carles Puigdemont ayant conduit la Catalogne "au désastre".
Près de 2.400 entreprises ont déplacé leur siège social hors de la région, gagnées par l'incertitude sur son avenir. Et dans une Catalogne où se succèdent manifestations, défilés et grèves, le tourisme dont dépendent bien des emplois a baissé d'au moins 15% depuis le référendum du 1er octobre.