La scène a eu lieu ce mardi 3 décembre, au Conseil de la nation algérien. Prenant la parole, face à la caméra, Salah-Eddine Dahmoune, ministre de l’Intérieur, a fait sien le langage ordurier de «ses» dirigeants. Critiquant, et c’est peu dire, les manifestants algériens, chaque semaine un peu plus nombreux à sortir dans la rue pour dénoncer le régime militaire qui les gouverne, il n’y est pas allé de main morte.
«Nous allons les affronter (les manifestants, Ndlr)… Ils représentent une pensée coloniale, ou du moins ce qu'il en reste. Une pensée qui subsiste néanmoins dans la tête de certains. Et des enfants de l’Algérie, ou assimilés, sont utilisés pour la perpétuer. Ce sont des traîtres, des mercenaires et des homosexuels. Nous les connaissons un à un. Il ne sont pas des nôtres», a déclaré en substance ce responsable algérien.
Que comprendre alors si ce n’est la haine que voue tout le régime militaire algérien, et ses représentants, au peuple qu’il est censé protéger et défendre? Et tout cela, avec la complicité de sénateurs algériens qui ne pipent mot et laissent faire.
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Entre le pouvoir d'Alger et le peuple, le fossé se creuse ainsi davantage. De telles déclarations ne feront que raviver des tensions déjà bien installées et, c’est à craindre, des confrontations.
C’est ce que le régime semble rechercher en lâchant ses responsables contre des manifestants aussi déterminés que pacifiques.