Injecter du désinfectant directement dans les poumons des patients atteints du Covid-19, voilà l’étonnante et absurde proposition de Donald Trump.
C’est en présentant les avancées de la recherche au sujet du Covid-19, notamment les réactions du virus aux variations de températures, mais aussi aux climats et au contact des surfaces, que Donald Trump a lancé une bombe en déclarant:
"Je vois que le désinfectant l'élimine en une minute. Une minute! Et y a-t-il un moyen de faire quelque chose, par une injection à l'intérieur ou presque, un nettoyage? Parce que vous voyez que [le virus] pénètre dans les poumons et qu'il y fait un énorme effet, il serait donc intéressant de vérifier cela. Il faudra faire appel à des médecins, mais cela me semble intéressant."
Mais le résident de la Maison Blanche ne s’est pas arrêté là. Il a aussi avancé l’idée de traiter le corps des malades à coups de rayons ultraviolets. Et d’ajouter: "Peut-être qu'on peut, peut-être qu'on ne peut pas. Je ne sais pas. Je ne suis pas docteur".
Justement, que pensent les médecins de ces propositions?Le silence gardé par Deborah Birx, coordinatrice pour le groupe de travail sur le coronavirus de la Maison Blanche, mais aussi sa drôle d’expression, n’ont pas manqué de faire réagir la toile.
Quant aux médecins, ceux-ci n’ont pas tardé à réagir afin de mettre en garde la population.
A commencer par Robert Reich, professeur de politiques publiques à l'université de Californie à Berkeley, qui a tweeté: "les briefings de Trump mettent activement en danger la santé du public. Boycottez la propagande. Ecoutez les experts. Et s'il vous plaît, ne buvez pas de désinfectant".
Les politiques aussi ont tenu à recadrer les choses.
Walter Shaub, l'ancien directeur du Bureau de l'éthique gouvernementale, a déclaré de son côté, comme le rapporte The Guardian : "il est incompréhensible pour moi qu'un crétin comme lui occupe la plus haute fonction du pays et qu'il existe des gens assez stupides pour penser que c'est normal. Je ne peux pas croire qu'en 2020, je doive avertir quiconque écoute le président que l'injection de désinfectant pourrait vous tuer".
Quant à Brianna Wu, une candidate à la Chambre des représentants dans le Massachussetts, elle a posté une vidéo illustrant la réaction de son mari, Frank Wu, spécialiste en génétique bactérienne, pendant les déclarations de Donald Trump sur les ultraviolets. "Non, non, non! Cela provoque le cancer. La bactérie se portera bien mais vous serez mort du cancer", s’écrie-t-il devant son écran. Une séquence devenue virale sur Twitter.
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Quid des avancées de la recherche aux Etats-Unis
Au delà des propositions étonnantes de Donald Trump, certains résultats méritent toutefois d’être pris au sérieux.
William Bryan, responsable de la sécurité intérieure par intérim du secrétaire chargé de la science et de la technologie, a ainsi déclaré lors de la réunion d'information: "notre observation la plus frappante à ce jour est l'effet puissant que la lumière solaire semble avoir sur la mort du virus, à la fois sur les surfaces et dans l'air. Nous avons également observé un effet similaire avec la température et l'humidité. L'augmentation de la température et de l'humidité semblent agir sur le virus".
Par ailleurs, les chercheurs ont aussi découvert que le virus survit mieux à l'intérieur et dans des conditions sèches, et perd sa puissance lorsque les températures et l'humidité augmentent. William Bryan a ainsi déclaré: "le virus meurt plus rapidement en présence de la lumière directe du soleil".
C’est précisément cette déclaration de William Bryan qui a fait suggérer à Trump d’exposer le corps à une lumière puissante, voire à des rayons ultra-violets.
Chose que les scientifiques déconseillent fortement, car les rayons UV pénètrent et endommagent les cellules de la peau. Une surexposition peut ainsi provoquer un cancer de la peau. Et de préciser selon The Guardian que "la quantité de lumière solaire nécessaire pour avoir un effet sur le coronavirus est inconnue. Le virus a fait de nombreux morts dans des régions chaudes comme la Louisiane et la Floride, et Singapour a connu une recrudescence récente de cas".