C’est à un homme décidément non conscient qu’a été attribuée la fameuse lettre-testament, lue par procuration, dimanche 3 mars, à quelques instants du dépôt du dossier de la cinquième candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. A preuve, cette vidéo tout juste filmée dans les couloirs de l’hôpital cantonal de Genève, où le frère du président sortant, Nacer Bouteflika, a été croisé par le journaliste franco-algérien, Azzedine Ahmed Chaouch.
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Cette vidéo filmée et diffusée, hier lundi au soir, sur le plateau de l’émission phare de TF1, «Quotidien avec Yann Barthes», vient nourrir davantage le mystère sur la santé du président toujours hospitalisé, alors qu’il est censé être rentré en Algérie pour faire campagne en perspective de l’élection présidentielle, prévue le 18 avril prochain.
«Le président Bouteflika a quitté l’Algérie le 24 février pour un court séjour à Genève, en Suisse, où il doit subir des examens médicaux périodiques", annonçait il y a neuf jours la présidence algérienne, dans un communiqué, relayé par l’APS, porte-voix du clan Bouteflika.
Un «court séjour» qui vient d’être ainsi démenti par les images filmées, -faut-il encore le préciser?-, hier lundi 4 mars, dans les couloirs du huitième étage de l’hôpital cantonal de Genève, où Nacer Bouteflika a été interpellé par le journaliste Azzedine Ahmed Chaouch, qui a été aussitôt «invité à quitter les lieux» par des agents de sécurité de l’établissement hospitalier.
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A l’évidence, neuf jours, ce n’est plus «un court séjour». D’autant moins que l’avion de Bouteflika, de type Gulfstream VI, devait au plus tard regagner Alger vendredi 1er mars, qui coïncidait avec le déclenchement de marches millionièmes dans les 42 wilayas algériennes, dont celle d'Alger, en protestation contre la candidature du président invalide à un cinquième mandat très controversé.
Il faut préciser que, le même vendredi 1er mars, Abdelaziz Bouteflika avait déjà reçu son frère Nacer aux hôpitaux universitaires de Genève (HUG), selon le média suisse 24 heures.
Tout laisse ainsi penser que l’octogénaire Bouteflika, atterré par un fâcheux AVC depuis 2013, n’est pas en possession de ses facultés physiques et mentales pour briguer un nouveau mandat, après vingt ans de pouvoir sans réel changement ni aucune avancée digne de ce nom sur le plan aussi bien politique, économique que social.
Tout porte à mettre en doute la paternité de la fameuse lettre-testament, lue dimanche dernier par le préposé à la direction de la campagne de Bouteflika, Abdelghani Zaâlane, ministre des Transports et néanmoins gendre du ministre de la défense, Gaïd Salah, dans laquelle il est attribué au président invisible cette intention de convoquer, «s’il est réélu»!, une présidentielle anticipée!
Une manoeuvre dilatoire orchestrée plutôt par le clan présidentiel, dont les ficelles sont tirées par le frère du président, Saïd Bouteflika, véritable gardien du temple «El Mouradia».
Le volcan de colère qui continue de se déchaîner en Algérie dénote cette conscience populaire accrue de la manigance ourdie par le clan Bouteflika pour se fossiliser au pouvoir. Énième manigance qui, qu'à Dieu ne plaisse, pourrait générer des dégâts dévasateurs pour l'Algérie et la région tout entière.