Lecture du nom des personnes tuées, dépôt de gerbe, minute de silence, échanges avec les familles de victimes: le président français Emmanuel Macron a respecté le même cérémonial, depuis tôt lundi matin, sur chacun des six lieux attaqués, des terrasses vides des cafés-restaurants parisiens au Stade de France dans la banlieue, et enfin la salle de concerts du Bataclan, où jouait ce soir-là le groupe de rock californien Eagles of Death Metal (EODM).
"I love you, je t'aime", a lancé, très ému, le chanteur Jesse Hughes dans un concert surprise de seulement deux titres: Save a Prayer, le dernier morceau entier qu'ils avaient joué il y a deux ans avant que l'attaque en plein concert ne fasse 90 morts, puis I Love You All The Time.
Visiblement très ému, Jesse Hughes a ensuite distribué des roses blanches aux proches de victimes devant la mairie du 11e arrondissement, où ce concert a été improvisé après le rassemblement organisé par l'association Life Of Paris, a constaté un journaliste de l'AFP.
"C'est difficile de ne pas se souvenir de ces gens qui nous ont été enlevés (...) mais on a vu ce soir-là la plus belle démonstration d'amour qui puisse être donnée. Certains ont donné leur vie pour leurs amis", a déclaré le chanteur à la chaîne d'information continue BFMTV.
Peu auparavant, devant la salle de concert du Bataclan, le chef de l'État et son épouse Brigitte avaient salué personnellement les familles présentes. M. Macron était accompagné de plusieurs ministres et de son prédécesseur socialiste François Hollande, qui assistait au match de football France-Allemagne au Stade de France, premier lieu à être frappé par les attaques.
"Au Stade de France, quand claque la première détonation, nous ne savons pas si c'est un attentat. Il en faut une deuxième pour avoir la certitude qu'il s'agit d'une attaque terroriste (...) Toute mon attention est de ne pas créer de panique au stade et je donne la consigne de ne pas bouger. (...) Nous avons cet instant-là, en prenant cette décision de rester, sauvé sûrement des vies", a-t-il raconté dimanche sur la chaîne de télévision publique France 2.
Sur les tables de la terrasse quasiment vide du café-restaurant parisien "A la Bonne Bière", autre lieu touché, des fleurs et des bougies ont été disposées.
Les rares personnes qui assistaient à la cérémonie étaient maintenues à distance, une faible affluence regrettée par plusieurs riverains interrogés par l'AFP.
"Peut-être que la vie est plus forte que tout mais c'est très embêtant la perte de mémoire", s'indigne Francine Best, 86 ans. Cette retraitée estime que "la solidarité qui a permis au quartier de se redresser formidablement a peu à peu disparu". "Même les familles de victimes sont peu nombreuses".
Au Stade de France, Emmanuel Macron a déposé une gerbe devant la plaque commémorative où figure le nom de Manuel Dias, seul tué dans les explosions du 13 novembre aux abords du stade.
Michaël Dias, fils de Manuel Dias, lui, s'est mis en retrait, refusant de saluer le chef de l'État: "On n'a aucun interlocuteur depuis la suppression du secrétariat d'aide aux victimes par Emmanuel Macron", a-t-il déploré au micro de BFMTV. "On est vraiment complètement laissés pour compte".
Elisabeth Boissinot, mère de Chloé, tuée sur la terrasse du café Le Carillon, a, elle, préféré totalement décliner l'invitation, "un tour d'honneur", critique-t-elle sur Facebook, avant que les victimes soient "oubliées dans l'heure".
"130 morts, il ne faut jamais l'oublier", avait de son côté exhorté Manuel Valls, Premier ministre lors des attaques, avant de se joindre à l'hommage, appelant "à ne jamais baisser la garde" devant la menace terroriste.
"Le niveau de menace reste évidemment élevé", a confirmé l'actuel chef du gouvernement, Édouard Philippe.