Le Premier ministre belge Charles Michel a dénoncé dans un tweet une "violence lâche et aveugle". Le dossier a été confié à un juge d'instruction antiterroriste car "des éléments vont dans la direction d'un acte terroriste", a justifié à l'AFP Eric Van Der Sypt, porte-parole du Parquet fédéral. La fusillade s'est produite vers 10h30 (08H30 GMT) sur le boulevard d'Avroy, une grande artère de la ville.
L'assaillant a d'abord agressé au couteau deux agents de police, avant de s'emparer de leurs armes de service pour les abattre. Ces deux femmes, employées de la police locale, ont été "agressées par l'arrière", recevant "de multiples coups de couteau", a dit lors d'une conférence de presse le procureur de Liège, Philippe Dulieu.
Après avoir subtilisé les armes des policières, l'assaillant a aussi tué une troisième fois en faisant feu contre un homme de 22 ans passager d'une voiture en stationnement. Dans un second temps, après une courte prise d'otage qui a suivi le triple meurtre, un nouvel échange de tirs a eu lieu, et "plusieurs" autres policiers ont été "blessés aux jambes", a ajouté Philippe Dulieu. L'assaillant a finalement été abattu par les forces de l'ordre.
Personne n'a en revanche été blessé lors de la prise d'otage d'une employée dans le complexe scolaire Athénée Léonie de Waha, mais des élèves ont dû être évacués vers d'autres écoles. "Tous les enfants vont bien, ceux du primaire et de maternelle n'ont rien vu, ils ont été évacués par l'arrière de l'école", a dit à l'AFP Julie Fernandez, mère d'un enfant de 7 ans et par ailleurs députée fédérale. Le bourgmestre (maire) de Liège Willy Demeyer a précisé devant la presse que l'établissement ne rouvrirait que jeudi, de manière à organiser d'ici là la prise en charge psychologique des élèves.
Les motivations du tireur restaient floues en début d'après-midi. Une porte-parole du parquet de Liège jointe par l'AFP n'a pas pu confirmer les informations de presse selon lesquelles il aurait crié "Allah Akbar" en s'en prenant aux policiers. Des images diffusées par la chaîne privée RTL montraient l'assaillant abattu étendu sur un trottoir, entièrement vêtu de noir, face contre le sol.
Plus tard dans la journée, une source proche de l'enquête a indiqué que l'auteur de la tuerie (Benjamin H.) était fiché par la police pour avoir été en contact en prison avec des islamistes et s'être radicalisé, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête. Lors d'un séjour en prison, Benjamin Herman "est soupçonné d'avoir été radicalisé par une personne (...) enfumée par la pensée islamiste", ce qui lui valait d'être signalé comme tel dans une banque de données criminelles, a précisé cette source, confirmant des informations de presse.
Benjamin Herman, né en 1982, avait déjà été condamné pour des vols, coups et blessures et pour trafic de stupéfiants, selon la source proche de l'enquête. Il était incarcéré dernièrement à la prison de Marche-en-Famenne, en Wallonie (sud de la Belgique), et selon les médias belges c'est à l'occasion d'une permission de sortie pour préparer sa réinsertion qu'il est passé à l'acte mardi matin en s'en prenant à des policiers.
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La Belgique, frappée par des attentats jihadistes qui ont fait 32 morts le 22 mars 2016, a été depuis le théâtre de plusieurs agressions contre des militaires ou des policiers. La dernière attaque considérée comme "terroriste" s'est produite le 25 août 2017 : un homme de 30 ans d'origine somalienne a agressé des soldats au couteau, blessant légèrement un d'eux, en criant "Allah Akbar" en plein cœur de Bruxelles. Il a été abattu.
Le 6 août 2016, un Algérien vivant en Belgique avait attaqué à la machette deux policières devant l'hôtel de police de Charleroi (sud) aux cris de "Allah Akbar", les blessant au visage et au cou avant d'être abattu. Le groupe Etat islamique (EI) avait revendiqué cette attaque le lendemain. En septembre 2016, c'est dans la commune bruxelloise de Molenbeek que deux policiers avaient reçu des coups de couteau sans toutefois être blessés, grâce au port d'un gilet pare-balles.
Consulté mardi, l'OCAM, l'organisme chargé d'évaluer la menace terroriste en Belgique, a décidé de maintenir inchangé le niveau 2 correspondant à une menace jugée "peu vraisemblable". Le niveau qui était fixé à 3 -voire ponctuellement 4- depuis trois ans avait été abaissé en janvier. L'OCAM avait justifié notamment cette décision par le délitement de l'EI en zone irako-syrienne.
Le président français Emmanuel Macron a fait part de la "solidarité du peuple français à l'égard du peuple belge", après cette "terrible attaque".