Jusqu'à un passé récent, il était impensable qu'un Algérien, qu'il soit simple citoyen ou haut fonctionnaire, évoque ouvertement le soutien multiforme apporté par le régime au front polisario sans que cela lui coûte, quand ce n'est pas sa vie, du moins sa liberté ou son poste. Amar Saâdani, ex-secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), le paya très cher en octobre 2016, quand, invité sur le plateau d'une télé locale, il avait fustigé la position de son pays sur le dossier sur le Sahara. "J'ai des choses à dire sur cette affaire, mais je ne les dirais pas", avait-il affirmé. "J'ai peur d'entraîner l'Algérie dans une autre voie", avait-il enfoncé, avant d'appeler son pays à "lever la main" sur ce dossier, qui devrait être "du ressort exclusif des Nations unies".
Pour avoir franchi cette "ligne rouge", Amar Saâdani avait été débarqué en octobre 2016 de la direction du parti présidentiel!
En février 2016, un responsable de l'UGTA, à Béchar, avait envoyé un message de félicitations au roi Mohammed VI dans lequel il avait exprimé au souverain son soutien à l'Inititative du Maroc pour l'octroi d'un statut d'autonomie au Sahara marocain. Il n'en avait pas fallu plus pour que le patron de l'UGTA, l'inamovible Abdelmajid Sidi Saïd, soit mis en demeure de radier à vie le représentant de son syndicat à la wilaya de Béchar, frontalière du Maroc.
De quoi le "délit" reproché à ces responsables, pour ne citer qu'eux, est-il donc le nom? A l'évidence, aucun. Mis à part qu'ils ont dit tout haut ce que le contribuable algérien pensait tout bas. La déclaration faite par ce citoyen algérien (sur la vidéo ci-dessus, 3'36"), pas plus tard qu'hier, jeudi 2 mai, en marge d'un sit-in organisé devant le tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger, où a été déféré l'ex-patron de la DGSN, Abdelghani Hamel, dans le cadre de la "purge anti-corruption" organisée par le non moins corrompu Général-président Gaid Salah, est un indicateur majeur de la colère du peuple algérien contre le soutien que "son" régime n'a eu de cesse d'apporter au front séparatiste du polisario, aux dépens de son bien-être, si tant est qu'il y en ait encore en Algérie.
Le manifestant algérien, qui a nommément cité le polisario, pour dénoncer le soutien multiforme apporté par Alger à ce front séparatiste, n'était vraisemblablement pas en mesure de chiffrer le montant de ce soutien. Tenez: 350 milliards de dollars ont été déboursés au profit de ce front séparatiste, depuis l'éclatement en 1975 du conflit autour du Sahara marocain. Ce montant, divulgué par des confrères algériens, ne restitue pourtant pas l'ampleur de l'aide consentie par le régime boumédiéniste pour contrer les intérêts du Maroc, sachant que ce soutien ne se limite pas aux seuls volets politique et diplomatique. L'arsenal de guerre que détient aujourd'hui le polisario, sans compter les volets de la formation et de l'entraînement, a de quoi donner le vertige.
Lire aussi : Alger livre des armes au Polisario pour maintenir la tension à Guerguerat
Pas plus tard qu'en 2013, pas moins de 300 millions de dollars ont été débloqués par Alger au polisario pour l'achat de missiles anti-chars et de missiles air-air. Un montant qu'aurait alors justifié l'acquisition par le Maroc de 24 chasseurs F16 pour un coût de 2,5 milliards de dollars, et cette transaction passée avec les USA, pour l'achat de 200 chars de type Abrams, moyennant 1, 015 milliard de dollars.
En mars 2017, alors que la crise de Guerguarat faisait rage, Alger avait fait don au polisario d'une grande quantité d'équipements militaires, notamment des véhicules blindés de fabrication russe, dont le VTB-82A, muni d'un canon de 30 millimètres et disposant d'une mitrailleuse de calibre 7,62 mm.
Bien évidemment, ce soutien est accordé au polisario contre la volonté du peuple algérien frère qui continue de se battre pour recouvrer sa liberté et se débarrasser de la mafia bouteflikienne, comptable de la dilapidation de pas de 1000 milliards de dollars durant les vingt dernières années!