Vénézuela: Nicolas Maduro, le début de la fin?

Juan Guaido (à gauche) et Nicolas Maduro. 

Juan Guaido (à gauche) et Nicolas Maduro.  . DR

La réélection de Nicolas Maduro, le 23 janvier, a placé le Vénézuela dans une crise sans précédent. Non reconnu par les grandes démocraties de ce monde, Maduro se livre, depuis, à un bras de fer avec son rival, Juan Guaido, 35 ans, quant à lui jugé légitime par la communauté internationale.

Le 05/02/2019 à 15h48

Pas de doute, le nouvel homme fort de Caracas, pour les démocraties occidentales que sont les Etats-Unis et ses alliés dans la région, c’est Juan Guaido.

Qui plus est, sur les 14 membres de l’organisation intergouvernementale du Groupe de Lima, chargée depuis 2017 de résoudre la crise vénézuélienne, 11 ont d’ores et déjà rejoint le camp d’un «Etat de droit», celui de Juan Guaido.

Le régime de Nicolas Maduro a donc, ainsi, essuyé un nouveau désaveu cinglant, conforté par l’annonce de la reconnaissance de la légitimité de Juan Guaido par 19 pays de l’Union européenne, hier, lundi 4 février 2019.

Six pays de l’UE, la France, l’Espagne, le Portugal, le Royaume Uni, les Pays Bas et l’Allemagne avaient en effet, dès le 26 janvier dernier, livré un ultimatum au chaviste Nicolas Maduro, l’enjoignant à organiser de nouvelles élections libres et transparentes.

Sans grande surprise, Nicolas Maduro a refusé cet ultimatum, prétextant qu’il ne ferait pas preuve de «lâcheté face aux pressions» de pays «réclamant son départ».

A la suite de la reconnaissance de la légitimité de Juan Guaido, par les Etats-Unis et ses alliés de la région, ainsi que du Parlement européen, les soutiens à ce jeune député, âgé de seulement 35 ans, se multiplient de part et d’autre, en Amérique latine et ailleurs.

Allant d’échec en échec, Nicolas Maduro essuie, depuis, bien des défections. Au sein de l’armée, samedi 2 fevrier dernier, Francisco Estéban Yánez Rodríguez, un important Général de l’armée de l’air, a décidé de rejoindre le camp Guaido.

«Aujourd'hui, avec une fierté patriotique et démocratique, je vous informe que je ne reconnais pas l'autorité dictatoriale de Nicolas Maduro et que je reconnais le député Juan Guaidó comme président par intérim de la République bolivarienne du Vénézuela», a ainsi déclaré dans une vidéo cet important membre de l’armée vénézuélienne, général de division et directeur de la planification stratégique du Haut commandement de l'Armée de l'Air.

Nicolas Maduro n’est pas au bout de ses peines: les défections à son autorité se manifestent également au sein du corps diplomatique vénézuélien. Ainsi, l'ambassadeur du Venezuela en Irak a reconnu Juan Guaido, en tant que président par intérim, samedi 2 février dernier, selon plusieurs médias électroniques vénézuéliens. 

Depuis Bagdad où il est en poste, le diplomate a déclaré dans une vidéo diffusée sur les reseaux sociaux que "notre place est à côté du peuple, de la République, de la Constitution et de l'Assemblée nationale".

Le Vénézuela, pourtant riche, puisque producteur de pétrole, subit actuellement de plein fouet une vague massive d’émigration: plusieurs centaines de milliers de réfugiés ont quitté le pays.

Cette «tragédie économique, politique, financière et humanitaire» que traverse le peuple vénézuélien, serait de la seule faute de Nicolas Maduro, selon le ministre chilien des Relations extérieures, Roberto Ampuero.

Face à ces défections, de plus en plus nombreuses, il paraît donc évident que les jours du régime autoritaire de Nicolas Maduro sont comptés, alors qu’à Caracas et dans plusieurs villes du Vénézuela, plusieurs manifestations, la semaine dernière, ont déjà fait plus de 40 morts, selon l’ONU.

Par Karim Ben Amar (avec agences)
Le 05/02/2019 à 15h48