Le président sortant Nicolas Maduro, 61 ans, a été réélu pour un troisième mandat à la tête du Venezuela mais l’opposition revendique la victoire et refuse les résultats proclamés dimanche soir par le Conseil National Electoral (CNE) qu’elle accuse d’être aux ordres du pouvoir. L’opposition a reçu le soutien rapide d’une partie de la communauté internationale.
Selon les résultats officiels, Nicolas Maduro a obtenu 5,15 millions de voix, devant le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia avec un peu moins de 4,5 millions (44,2%), après le dépouillement de 80% des bulletins et une participation de 59%.
Le résultat est «irréversible», a annoncé le président du CNE, Elvis Amoroso, homme de confiance du pouvoir qui avait notamment déclaré inéligibles plusieurs dirigeants de l’opposition quand il était contrôleur des comptes avant de devenir président du CNE. Il fait partie des personnes sanctionnées par les États-Unis pour leur rôle dans la crise vénézuélienne.
«Nous avons gagné» avec «70% des voix», «le Venezuela a un nouveau président élu et c’est Edmundo Gonzalez Urrutia», a déclaré la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado. Déclarée inéligible par le pouvoir, elle n’avait pu se présenter et a été remplacée au pied levé par Edmundo Gonzalez Urrutia.
«Nous savons tous ce qui s’est passé aujourd’hui. Et lorsque je dis que tout le monde sait, je commence par le régime lui-même», a assuré Maria Corina Machado. «Toute la communauté internationale le sait, même ceux qui étaient autrefois des alliés».
Lors du scrutin, Caracas avait limité l’observation du scrutin. L’invitation aux observateurs de l’Union européenne a été retirée en mai et de nombreux observateurs internationaux ont été bloqués ou refusés à la dernière minute, dont quatre ex-présidents latino-américains vendredi.
«Sérieux doutes» sur le scrutin
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exprimé de «sérieux doutes» sur le scrutin: «Nous craignons sérieusement que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien». Même son de cloche du côté du président chilien Gabriel Boric: «Le régime de Maduro doit comprendre que les résultats qu’il publie sont difficiles à croire». Le Costa Rica et et le Pérou ont également rejeté le résultat proclamé.
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a réclamé une «transparence totale dans le processus électoral», tout comme le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui a appelé ce lundi le Venezuela à garantir la «transparence totale» dans le décompte des voix.
Nicolas Maduro a en revanche reçu le soutien de ses alliés habituels: les présidents de Cuba Miguel Diaz-Canel, du Nicaragua, Daniel Ortega, de Bolivie, Luis Arce et du Honduras, Xiomara Castro. La Chine, par la voix du porte-parole de la présidence, a également félicité le président Maduro pour sa réélection.
Que va faire l’armée?
Le pays pétrolier, longtemps un des plus riches d’Amérique latine, est exsangue: effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, systèmes de santé et éducatif totalement délabrés.
Le pouvoir accuse le «blocus criminel» d’être à l’origine de ces maux. Les États-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d’évincer Nicolas Maduro après sa réélection en 2018, lors d’un scrutin entaché de fraudes selon l’opposition, et qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées.
L’attitude de l’appareil sécuritaire, considéré comme un des piliers du pouvoir depuis la présidence de Hugo Chavez (1999-2013), ancien militaire, sera déterminante. «La force armée nationale bolivarienne me soutient», a affirmé M. Maduro récemment. M. Gonzalez Urrutia s’était, lui, dit «convaincu que les forces armées veilleront à ce que la décision de notre peuple soit respectée».
Dimanche soir, le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, a indiqué qu’il n’y avait eu que «des incidents mineurs» lors «d’une journée paisible», ajoutant «que le peuple s’est levé avec beaucoup de force pour rejeter et exiger la fin des sanctions» des États-Unis.