USA. Une condamnée innocentée, les pelotons d'exécution rétablis: Cherchez l'erreur

Debra Milke, innocentée après 23 ans passés dans les couloirs de la mort.

Debra Milke, innocentée après 23 ans passés dans les couloirs de la mort. . DR

Alors que la Cour suprême de l'Arizona vient d'innocenter Debra Milke, une femme de 51 ans d'origine allemande qui aura passé 23 ans dans les couloirs de la mort avant que justice soit faite, l'état de l'Utah remet les pelotons d'exécution à l'ordre du jour.

Le 24/03/2015 à 12h00

Les condamnations à mort ont souvent défrayé la chroniqur aux Etats-Unis, et pour cause. L'Académie américaine des sciences s’est ainsi penchée, en 2014, sur la problématique des erreurs judiciaires et a entrepris d’estimer le nombre d’innocents peuplant les couloirs de la mort. Et les résultats de l’étude, rendus publics en avril 2014, se sont révélés pour le moins effrayants. L’académie a en effet estimé à plus de 4% les condamnés à mort innocents. 1 prisonnier sur 25 attendrait ainsi, derrière les barreaux, d’être exécuté pour un crime qu’il n’a pas commis. Debra Milke, 51 ans, fait partie de ces «miraculés» qui ont échappé à l’injection létale ou à la chaise électrique pour avoir vu éclater leur innocence avant l’instant fatidique. Accusée à tort, sur la base d’un unique et faux témoignage, d’avoir orchestré, en 1990, le meurtre de son fils de 4 ans, Debra Milke vient tout juste d’être complètement blanchie, ce lundi 23 mars, après avoir cependant passé vingt-trois ans de sa vie en prison. Elle sera ainsi, d’après le Centre d’information sur la peine capitale (DPIC), la 151ème personne et la 2ème femme, depuis 1973, à se voir lavée de tout soupçon après avoir fréquenté les couloirs de la mort. Des couloirs dans lesquels la plupart des prisonniers croupissent toute leur vie. Mais, au vu du nombre effarant de personnes condamnées à tort et par-delà les quelques cas de disculpations souvent survenues après des dizaines d’années sous les verrous, il s’avère que, sur les 12,6% des condamnés effectivement exécutés, les associations de défense des Droits de l’Homme dont, notamment, Amnesty International, dénoncent la mort d’innocents sans qu’aucun chiffre précis ne soit avancé à ce propos.

Pendant ce temps, dans l’UtahAlors qu’une nouvelle erreur vient d’éclabousser le système judiciaire américain et que les spectres de nombres de condamnés innocentés après leur exécution -Carlos Deluna, exécuté en 1989 et innocenté vingt ans après sa mort, Todd Willingham, exécuté en 2004 à l’âge de 24 ans, entre autres exemples-, l’Utah a remis à l’ordre du jour, ce même lundi 23 mars, les pelotons d’exécution. La raison invoquée? Parer à toute éventuelle carence des substances servant aux injections létales, au moment d’ailleurs où la constitutionnalité de ces dernières s’apprête à être discutée, dès le mois d’avril prochain, par la Cour Suprême des Etats-Unis.

Par Bouthaina Azami
Le 24/03/2015 à 12h00