USA: Trump s'apprête à geler l'entrée de ressortissants de pays musulmans et de réfugiés

Donald Trump, le 21 janvier 2017.

Donald Trump, le 21 janvier 2017. . DR

Cette semaine, Donald Trump devrait poursuivre son offensive contre l'immigration en suspendant l'entrée aux Etats-Unis de ressortissants de certains pays musulmans et l'admission de réfugiés, le nouveau président américain invoquant le "terrorisme" dans un monde devenu un "foutoir complet".

Le 26/01/2017 à 10h08

Après avoir signé un décret sur son projet phare de construction d'un mur à la frontière avec le Mexique, mercredi,Trump pourrait en signer un autre, peut-être dès jeudi, qui bloquerait pendant un mois l'arrivée en Amérique de ressortissants de sept pays musulmans: Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.

Ce projet de décret présidentiel, que le Washington Post a publié mercredi soir, est intitulé "Protéger la nation d'attaques terroristes par des étrangers" et prévoit également l'arrêt complet pendant quatre mois du programme américain d'admission de réfugiés de pays en guerre.

Les Syriens, qui ont fui par millions le conflit dans leur pays, et dont seulement 10.000 ont été acceptés aux Etats-Unis en 2016, seraient, eux, définitivement interdits d'entrer.

Le nouveau président américain, élu sur des slogans de campagne isolationnistes et de lutte contre le "terrorisme islamique radical", veut diviser par deux le nombre de réfugiés accueillis en 2017, selon ce projet de décret.

L'Administration de Barack Obama s'était donné l'objectif de plus de 100.000 réfugiés acceptés cette année. L'Administration Trump en viserait dorénavant seulement 50.000, toutes nationalités confondues.

Le nouveau locataire de la Maison Blanche a défendu ces mesures, affirmant sur la télévision ABC, mercredi soir, qu'il fallait agir dans "un monde en colère" devenu "un foutoir complet"."Ce n'est pas une interdiction contre les musulmans mais cela concerne des pays qui ont beaucoup de terrorisme", a affirmé le milliardaire populiste.

Avant même que le décret ne soit officiellement signé, il a été dénoncé par des groupes de défense des droits de l'Homme.

"Tourner le dos à des réfugiés vulnérables ne va pas protéger les Etats-Unis", a condamné l'ancien patron du centre national du contre-terrorisme, Michael Olsen, aujourd'hui membre de l'association Human Rights First. Au contraire, "cela va nourrir le récit mensonger de (l'organisation jihadiste) Etat islamique pour laquelle nous sommes en guerre contre les musulmans et non contre les groupes terroristes", a-t-il tonné.

Aux yeux aussi de l'ancien ambassadeur américain en Irak et en Syrie, Ryan Crocker, "interdire l'admission de réfugiés syriens va à l'encontre des valeurs de l'Amérique et sape son leadership".

Mais le président Obama ne s'était pas montré particulièrement généreux avec ceux qui fuient la guerre en Syrie, Washington n'ayant accueilli que 18.000 Syriens depuis 2011.

Mercredi, son successeur Donald Trump, au pouvoir depuis moins d'une semaine, a donné corps à sa promesse de campagne la plus emblématique: il a signé un décret fixant pour objectif la construction "immédiate" d'un mur à la frontière avec le Mexique pour endiguer l'immigration illégale.

Le président républicain a affirmé qu'"une nation sans frontières n'était pas une nation" et il a répété que le Mexique paierait, in fine, pour ce projet évalué à des dizaines de milliards de dollars et qu'il avait évoqué dès son annonce de candidature à la présidentielle en juin 2015.

Mais son homologue mexicain, Enrique Pena Nieto a dit mercredi soir "regretter" et "condamner" ce projet de mur et il s'est engagé à défendre les migrants de son pays.Plus de onze millions d'immigrés en situation irrégulière vivent aux Etats-Unis, certains depuis de très nombreuses années. Près de la moitié est originaire du Mexique.

Par ailleurs, Donald Trump a signé un autre décret, mercredi, pour appliquer plus sévèrement la législation sur l'immigration. Il prévoit de réduire les financements fédéraux de Washington pour les quelque deux cents"villes sanctuaires" aux Etats-Unis qui accueillent des immigrés clandestins depuis des décennies.

Le président s'est attiré les foudres des maires démocrates de Los Angeles, New York ou Chicago. Ce dernier, Rahm Emanuel, ancien secrétaire général de la Maison Blanche sous Barack Obama, a lancé: "Que vous soyez de Pologne, du Pakistan, de l'Inde, d'Irlande, d'Israël, du Mexique ou de Moldavie, vous êtes les bienvenus à Chicago".

A Manhattan, plus de mille personnes ont manifesté mercredi soir pour dénoncer les mesures anti-immigration en scandant: "Pas d'interdiction! Pas de mur! New York est à tout le monde".

Le 26/01/2017 à 10h08