Ultimatum à l’Élysée: pour sortir de la crise, la France attend le choix de Macron avant vendredi

Le président de la République française, Emmanuel Macron. AFP or licensors

La balle est dans le camp du président français: Emmanuel Macron doit nommer un nouveau chef de gouvernement d’ici vendredi soir, avec l’espoir d’éviter une dissolution et de mettre un terme à la crise politique qui ébranle la deuxième économie européenne.

Le 09/10/2025 à 06h59

Reconduire Sébastien Lecornu? Appeler la gauche à Matignon? Choisir une autre personnalité? Lancer de nouvelles consultations? Accepter de remettre en débat la réforme des retraites?

Emmanuel Macron, resté dans l’ombre depuis la démission surprise de son Premier ministre lundi matin, se retrouve en première ligne désormais, avec plusieurs options entre les mains mais surtout beaucoup de questions. Une certitude cependant: il tranchera d’ici vendredi soir, comme il l’a fait savoir mercredi, après une intervention télévisée de Sébastien Lecornu.

Après une mission de deux jours, M. Lecornu a estimé sur France 2 que «les perspectives d’une dissolution s’éloignent», ajoutant que «la situation permet pour le président de nommer un Premier ministre dans les 48 prochaines heures», afin qu’un projet de budget soit déposé lundi au Parlement.

La crise politique heurte de plein fouet un autre événement politique incontournable pour le chef de l’État: la cérémonie d’entrée au Panthéon de Robert Badinter, l’artisan de l’abolition de la peine de mort en France.

Emmanuel Macron doit présider cette parenthèse mémorielle organisée de longue date à 19h00 (17h00 GMT), ce qui l’empêche de parler aux Français lors d’une éventuelle allocution le soir. Il reporte vraisemblablement toute décision à vendredi, qui pourrait même être assortie — sans certitude — d’une composition de gouvernement, selon un proche du chef de l’État.

Lundi soir, l’entourage du président assurait en tout cas qu’il «prendra ses responsabilités» à l’issue des «ultimes consultations» de son Premier ministre.

Un gouvernement Lecornu II?

Au cours d’un entretien d’un peu plus d’une heure à l’Élysée mercredi soir, Sébastien Lecornu a en tout cas donné quelques clés de lecture supplémentaires au président.

D’abord, la future équipe gouvernementale devra être «complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027», a-t-il insisté sur la chaîne France 2, pointant sans doute sans le nommer le patron de la droite Bruno Retailleau, que beaucoup estiment partiellement responsable du revirement du début de semaine au sein du socle commun. Et Sébastien Lecornu de prendre soin de préciser qu’il n’était «pas» candidat à l’Élysée.

Ensuite, il faudra «trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites», alors que la question d’une suspension de cette loi, exigée par les socialistes mais qui fracture le camp présidentiel, coûterait «pas moins de trois milliards d’euros» en 2027 selon lui.

Ce dossier s’annonce extrêmement épineux, notamment car la droite en a fait une ligne rouge, ce qui compromet peut-être sa participation au prochain exécutif. Horizons, dont le chef Édouard Philippe appelle à une présidentielle anticipée, est également opposé à tout retour en arrière.

Si Sébastien Lecornu assure ne pas «courir après le job» et avoir «terminé» sa «mission», plusieurs responsables politiques prêtaient mercredi à Emmanuel Macron la tentation de reconduire celui qui se décrit comme un «moine soldat», au risque d’ulcérer les oppositions qui ne cessent de fustiger «l’entêtement» du chef de l’État.

Le Parti socialiste d’Olivier Faure continue, lui, d’appeler à une cohabitation avec une personnalité de gauche à Matignon. «S’il refuse la cohabitation, il devra partir», ont aussi lancé les Écologistes mercredi soir dans un communiqué.

La France insoumise (gauche radicale), qui demande inlassablement la démission d’Emmanuel Macron, promet en tout cas de censurer «tout gouvernement de grande coalition», a déclaré le coordinateur Manuel Bompard, sans explicitement indiquer ses intentions dans le cas où le Parti socialiste serait nommé à Matignon.

Le Rassemblement national (extrême droite) est catégorique: «Je censurerai tous les gouvernements jusqu’à obtenir la dissolution», a prévenu sa cheffe de file Marine Le Pen.

Par Le360 (avec AFP)
Le 09/10/2025 à 06h59