Ukraine: Trump se dit prêt à ajuster son plan de paix avant les discussions de Genève

Volodymyr Zelensky, Donald Trump et Vladimir Poutine

Volodymyr Zelensky, Donald Trump et Vladimir Poutine.

Des responsables ukrainiens, américains et européens se retrouvent dimanche en Suisse pour discuter du plan de Donald Trump pour l’Ukraine, qui fait craindre à Kiev une capitulation forcée mais ne constitue pas, selon le président américain, une offre finale.

Le 23/11/2025 à 06h30

Ce document en 28 points, qui vise à mettre fin au conflit provoqué par près de quatre ans d’invasion russe, reprend plusieurs exigences clés de la Russie: à savoir que l’Ukraine lui cède des territoires, accepte de réduire la taille de son armée et renonce à intégrer l’Otan. Il offre cependant des garanties de sécurité occidentales à Kiev pour prévenir toute nouvelle attaque russe.

Salué par Vladimir Poutine, il a provoqué un branle-bas de combat chez des alliés européens de l’Ukraine, qui ont multiplié les contacts et affirmé que de nouvelles négociations étaient nécessaires, malgré l’impatience affichée par Donald Trump.

Le milliardaire républicain avait donné jusqu’au 27 novembre, jour de la fête de Thanksgiving, au président Volodymyr Zelensky pour donner une réponse. Mais alors que les critiques se sont multipliées jusque dans son camp politique, il a répondu samedi «non» à la question de savoir si son plan constituait sa «dernière offre» pour régler le conflit le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

«Nous essayons d’y mettre fin. D’une manière ou d’une autre, nous devons y mettre fin», a-t-il déclaré à la presse, sans toutefois donner davantage de détails.

«Liste de souhaits russes»

Trois influents sénateurs américains, une démocrate, un indépendant et un républicain, ont fait part de leur préoccupation concernant un document qu’ils jugent trop favorable au Kremlin.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a même dû démentir ces élus selon lesquels il leur aurait assuré que le plan ne constituait pas la position américaine mais «une liste de souhaits russes».

M. Rubio est attendu dimanche à Genève, avec l’émissaire spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, pour des discussions avec les Ukrainiens et les Européens. Ils rejoindront le secrétaire à l’Armée, Daniel Driscoll.

La délégation ukrainienne sera menée par le bras droit de M. Zelensky, le chef de la présidence Andriï Iermak.

Côté européen, les conseillers à la sécurité nationale des dirigeants français, allemand, britannique et italien prendront part aux discussions à Genève.

Sous pression, Volodymyr Zelensky a assuré vendredi qu’il allait proposer des «alternatives» aux Américains, estimant que son pays traversait «l’un des moments les plus difficiles de (son) histoire» et évoquant un «choix très difficile»: «la perte de dignité ou le risque de perdre un partenaire clé», les États-Unis.

Réunis au sommet du G20 à Johannesburg, onze pays principalement européens ont estimé dans une déclaration que le plan américain «requerra du travail supplémentaire», craignant qu’il ne laisse l’Ukraine «vulnérable à de futures attaques».

Le président français Emmanuel Macron a annoncé une réunion mardi après-midi en visioconférence des pays soutenant l’Ukraine. Selon lui, sans «éléments de dissuasion, les Russes reviendront».

Coupures de courant

Vladimir Poutine a lui assuré que le texte américain «pouvait servir de base à un règlement pacifique définitif» du conflit lancé en 2022, se disant prêt à une «discussion approfondie de tous les détails» du texte.

En cas de refus ukrainien, il a menacé de poursuivre les conquêtes territoriales sur le front, où son armée a l’avantage.

Des médias, dont l’AFP, ont publié ces propositions américaines, présentées à un moment où la présidence ukrainienne est déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de M. Zelensky, où l’armée est en recul sur le front et où la population est soumise à des coupures de courant d’ampleur en raison des frappes russes.

Selon ce plan, les deux régions du bassin minier et industriel du Donbass, Donetsk et Lougansk (est), ainsi que la Crimée annexée en 2014, seraient «reconnues de facto comme russes, y compris par les États-Unis», et Moscou recevrait d’autres territoires ukrainiens qui sont encore aujourd’hui sous le contrôle de Kiev.

La Russie verrait également son isolement à l’égard du monde occidental prendre fin avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions, ainsi que son souhait d’éloigner à jamais Kiev de l’Alliance atlantique entériné dans la Constitution ukrainienne.

Kiev devrait limiter son armée à 600.000 militaires et se contenter d’une protection par des avions de combat européens basés en Pologne, tandis que l’Otan s’engagerait à ne pas stationner de troupes en Ukraine.

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/11/2025 à 06h30