Turquie: l'assassin de l'ambassadeur russe avait protégé Erdogan

Le policier Mevlut Mert Altintas, qui a tué l'ambassadeur de Russie, le 19 décembre 2016 à Ankara.

Le policier Mevlut Mert Altintas, qui a tué l'ambassadeur de Russie, le 19 décembre 2016 à Ankara. . Sozcu daily/AFP Yavuz Alatan

Le jeune policier turc qui a tué l'ambassadeur de Russie à Ankara a fait partie à huit reprises du dispositif de sécurité assurant la protection du président Recep Tayyip Erdogan depuis juillet, selon la presse mardi.

Le 21/12/2016 à 10h48

Sous l'objectif des caméras, Mevlüt Mert Altintas, un policier âgé de 22 ans, a tué lundi de neuf balles l'ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, avant d'être lui-même abattu.

Selon un chroniqueur du journal Hürriyet, le jeune policier, qui servait à Ankara dans les forces anti-émeutes depuis deux ans et demi, a été membre du dispositif de sécurité entourant le président Erdogan à huit reprises depuis le putsch manqué en juillet.

"Il était membre de l'équipe assurant la sécurité du président juste derrière les gardes du corps", écrit Abdulkadir Selvi, un journaliste proche du pouvoir, dont il connaît bien les arcanes.

Après avoir criblé de balles l'ambassadeur, Mevlüt Mert Altintas a crié "Allah Akbar !" et affirmé agir pour venger la ville d'Alep, en passe d'être entièrement reprise par le régime syrien avec le soutien de Moscou.

Malgré ces déclarations qui semblent lier l'assassinat à la situation en Syrie, le chef de la diplomatie turque a affirmé à son homologue américain que Moscou et Ankara "savent" que le réseau du prédicateur Fethullah Gülen est "derrière" le meurtre.

Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, qui cite des sources diplomatiques, Mevlüt Cavusoglu a affirmé à John Kerry que "la Turquie et la Russie savent que derrière l'attaque (...) il y a FETO", acronyme désignant le réseau de M. Gülen.

Ce dernier, que les autorités turques désignent également comme l'instigateur du putsch manqué en juillet -ce qu'il nie catégoriquement-, s'était dit "choqué et profondément attristé" par l'assassinat de l'ambassadeur.

Selon les médias turcs, les autorités retenaient mercredi 13 personnes en garde à vue, dont plusieurs proches du tireur.

Fait inédit, la Turquie a accepté la participation aux investigations de 18 enquêteurs russes, dépêchés par Moscou et qui ont pris part, à Ankara, à l'autopsie du corps d'Andreï Karlov, rapatrié mardi soir en Russie.

Le 21/12/2016 à 10h48