"Dénoncés par des voisins" et interpellés fin novembre-début décembre, les six jeunes hommes ont reconnu avoir eu des "pratiques homosexuelles" et ont été condamnés jeudi à trois ans de prison, soit la peine maximale prévue par l'article 230 du Code pénal, a affirmé à l'AFP Me Boutheina Karkni.
La mesure d'interdiction de séjour, également prévue par le Code pénal (article 5), sera applicable à leur sortie de prison, a ajouté l'avocate. Déplorant "des condamnations extrêmement sévères", Me Karkni a annoncé avoir fait appel et le nouveau procès devrait avoir lieu devant la cour d'appel de Sousse "d'ici deux ou trois semaines".
Outre leurs aveux, des vidéos ont été retrouvées sur l'ordinateur d'un prévenu, qui a également écopé d'une peine de six mois de prison ferme pour "atteinte à la pudeur", a rapporté le HuffPost Tunisie.D'après leur avocate, les six étudiants ont subi durant leur détention préventive un examen anal, pratique vivement critiquée par les ONG qui la juge "cruelle", "inhumaine" et "dégradante".
L'association Shams, qui milite pour la dépénalisation de l'homosexualité en Tunisie, a fustigé le jugement de Kairouan, dans un communiqué.
Depuis quelques mois, cette ONG milite au grand jour et fait valoir que l'Etat tunisien est le "garant de la protection de la vie privée des citoyens" dans la nouvelle Constitution adoptée l'an dernier. Certains de ses responsables ont toutefois récemment affirmé avoir fait l'objet de "menaces".
Cité par la radio Shems FM, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Walid Louguini, a pour sa part défendu l'action des forces de l'ordre dans l'affaire de Kairouan. "Notre fonction est de faire respecter la loi", a-t-il relevé.
En septembre, un étudiant tunisien avait été condamné à un an de prison pour "homosexualité" dans la région de Sousse, après avoir lui aussi subi un examen anal. Il a été remis en liberté début novembre, dans l'attente de son procès en appel prévu jeudi.