Tunisie: interdiction d’une manifestation de l’opposition prévue dimanche

Kaïs Saied, président de la Tunisie. . DR

Les autorités tunisiennes ont interdit jeudi une manifestation prévue dimanche du Front de salut national (FSN), la principale coalition de l’opposition, au motif que certains de ses dirigeants étaient soupçonnés de «comploter contre la sûreté de l’Etat».

Le 03/03/2023 à 06h40

Dans un communiqué, le préfet de Tunis, Kamel Feki, a indiqué que la demande «du prétendu Front de salut national» pour organiser une marche dimanche «n’a pas été approuvée car certains de ses dirigeants sont soupçonnés de complot contre la sûreté de l’Etat».

Le FSN, qui avait appelé à la manifestation pour dénoncer «les arrestations politiques et les violations contre les libertés publiques et individuelles», a contesté dans un communiqué le droit du préfet de l’interdire et annoncé qu’elle aurait lieu comme prévu dimanche à partir de 09H00 GMT dans le centre de Tunis.

Une vingtaine de personnalités dans les milieux politiques, médiatiques et des affaires ont été arrêtées en Tunisie depuis début février.

Ces arrestations, vivement critiquées par des ONG locales et internationales, ont notamment visé des figures politiques de premier plan du FSN et sa principale composante, le parti islamo-conservateur Ennahdha.

Deux figures du parti, Sadok Chourou et Habib Ellouz, ont été arrêtés jeudi, selon les médias tunisiens.

Ennahdha a affirmé dans un communiqué jeudi soir que les arrestations visaient à «terroriser l’opposition» et appelé les Tunisiens à «participer en masse» à la manifestation de dimanche.

Le président Kais Saied qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, a qualifié les personnes arrêtées de «terroristes» et affirmé qu’elles étaient impliquées dans un «complot contre la sureté de l’Etat».

Amnesty International a qualifié la campagne d’arrestations de «chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques».

Le communiqué du préfet de Tunis n’a pas mentionné en revanche une manifestation prévue samedi de la centrale syndicale, l’UGTT, dans le centre de Tunis contre «le pouvoir d’un seul homme» du président Saied.

L’UGTT a annoncé jeudi qu’un syndicaliste espagnol qui devait participer à cette manifestation a été interdit d’entrée en Tunisie.

«Nous venons d’apprendre avec consternation que le camarade Marco Perez Molina, Chargé de coopération avec l’Afrique et l’Asie au sein de la CEC UGT Espagne, a été interdit d’entrée sur le territoire tunisien et a été refoulé de l’aéroport Tunis-Carthage dans une violation de plus des droits syndicaux et des principes élémentaires de libertés et de droits de l’homme», a indiqué la centrale syndicale.

Le 18 février, le président Saied avait ordonné l’expulsion de la plus haute responsable syndicale de l’Union européenne, Esther Lynch, pour des déclarations qualifiées d’»ingérence flagrante» dans les affaires tunisiennes lors d’une manifestation de l’UGTT.

L’UGTT, très influente sur la scène politique, est engagée dans un bras de fer avec M. Saied depuis l’interpellation le 31 janvier d’un responsable syndical dans la foulée d’un discours du président dénonçant une instrumentalisation du droit de grève «à des fins politiques».

Par Le360 (avec AFP)
Le 03/03/2023 à 06h40