Faisant face à une pénurie d’eau potable inédite et qui ne cesse de s’aggraver depuis des années, et las de constater que leurs griefs n’aboutissent jamais à une solution pérenne et définitive, les habitants de Tiaret ont choisi, samedi 1er juin 2024, de se soulever contre le régime en place en guise de dernier recours.
Déconcerté par l’étendue des émeutes qui ébranlent sérieusement cette ville située à 264 kilomètres à l’ouest de la capitale Alger, et redoutant un potentiel effet domino identique à celui du Hirak, le président algérien a réuni, toutes affaires cessantes dimanche, un conseil des ministres pour souffler des ordres, le moins que l’on puisse dire, abracadabrantesques, tels que la suppression des témoignages et des vidéos sur les réseaux sociaux et la décision d’invisibilisation des manifestations par les médias à la solde du système. Ces mesures n’ont pas produit l’effet escompté.
Ne pouvant se défaire des effets d’annonce si chers à son cœur, même en temps de crise majeure, Tebboune a procédé à des décisions impossibles à réaliser, ordonnant à son ministre de l’Intérieur d’élaborer un plan d’urgence en 48 heures chrono, et de mettre un terme à l’indisponibilité de cette matière vitale dans un délai maximal de 20 jours seulement. Confondu par la gravité de la situation, le ministre est allé vite en besogne en promettant des «solutions urgentes» avant l’Aïd Al-Adha, lesquelles se traduiront par la mobilisation de «plus de 100 camions-citernes aux différentes communes de Tiaret».
Dans un pays qui regorge de pétrole et de gaz, troisième PIB du continent africain, qui s’enorgueillit d’être la «Force de frappe» de l’Afrique et qui promet de transformer le désert en jardin d’Éden, les émeutes de Tiaret déclenchées en raison du manque criant d’une ressource vitale et essentielle à la vie, vendue au prix fort dans des citernes, viennent encore une fois mettre à nu la réalité socioéconomique du pays.
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Force est de rappeler, de surcroît, que cette crise de l’eau inédite à Tiaret s’ajoute à une autre pénurie tout aussi sévère à Oran. Il y a un peu plus d’une semaine, une coupure nette a été annoncée dans la deuxième plus grande ville du pays, Oran, et sa région sur au moins six jours, suivis de plusieurs semaines de «goutte-à-goutte».
La colère des habitants de Tiaret s’est en effet intensifiée, rappelons-le, après la mort vendredi dans une zone agricole de trois personnes au fond d’un puits à cause de l’inhalation du monoxyde de carbone émis par la pompe à eau. Ceci, à un moment où le régime d’Alger vient de faire une annonce bidon, intelligence artificielle à l’appui: un miracle céréalier dans le pays et des productions records en la matière... en plein désert.