Les affrontements, qui ont donné lieu à des scènes de violences inédites à Ankara et Istanbul depuis des décennies, ont fait au moins 60 morts, dont de nombreux civils, a annoncé un responsable turc. 754 militaires ont été arrêtés, selon l'agence progouvernementale Anadolu.
Après que son Premier ministre Binali Yildirim a assuré que tout était "largement sous contrôle", le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré samedi avant l'aube qu'il "y a en Turquie un gouvernement et un président élus par le peuple" et que "si Dieu le veut, nous allons surmonter cette épreuve".
Accueilli à l'aéroport d'Istanbul en provenance de Marmaris (ouest) par une foule compacte de sympathisants, Erdogan a adopté une attitude de défi, prédisant l'échec de la rébellion et assurant qu'il continuerait à assumer ses fonctions "jusqu'à la fin".
"Ceux qui sont descendus avec des chars seront capturés car ces chars ne leur appartiennent pas", a ajouté le président, fort du soutien de ses partisans qui ont massivement répondu à son appel à descendre dans les rues d'Ankara, d'Istanbul et d'Izmir pour contrer le putsch.
Il a félicité les Turcs pour être descendus "par millions" dans les rues, notamment sur l'emblématique place Taksim à Istanbul, noire de manifestants conspuant les putschistes.
La situation dans ce grand pays de 80 millions d'habitants, membre-clé de l'Otan, était toutefois loin d'être réglée vers 07H00 (04H00 GMT), huit heures environ après l'annonce de la tentative de coup d'Etat.
Un avion a largué tôt samedi une bombe près du palais présidentiel à Ankara et des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles aux abords du palais présidentiel, a indiqué la présidence.
Une "trahison" Peu après, une soixantaine de soldats rebelles qui avaient investi dans la nuit l'un des ponts suspendus enjambant le Bosphore se sont rendus, en direct à la télévision, aux forces de sécurité à Istanbul.
Des coups de feu sporadiques étaient toujours audibles au petit matin dans plusieurs quartiers d'Ankara et d'Istanbul, après une nuit de violences marquée par des explosions causées, selon les médias, par des bombardements aériens.
Le Premier ministre Yildirim a ordonné samedi à l'armée d'abattre les avions et les hélicoptères se trouvant aux mains des militaires putschistes, selon un responsable turc. Il a a annoncé avoir nommé un nouveau chef de l'armée par intérim.
A son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, Erdogan a dénoncé "une trahison" des soldats putschistes, qu'il a accusés d'être liés à son ennemi juré Fethullah Gülen, un imam exilé depuis des années aux Etats-Unis.
"Je réfute catégoriquement ces accusations", a rétorqué ce dernier dans un communiqué, depuis les Etats-Unis où il réside. "J'ai souffert de plusieurs coups d'Etat militaires au cours des cinquante dernières années et trouve donc particulièrement insultant d'être accusé d'avoir un quelconque lien avec cette tentative".
Concernant le chef d'état-major de l'armée qui, selon les médias, serait prisonnier des putschistes à Ankara à son quartier général, "j'ignore pour l'instant" son sort, a indiqué Erdogan.