La mise en oeuvre de l'accord russo-turc conclu la veille était censée débuter à 05H00 (03H00 GMT), mais les opérations d'évacuation n'avaient toujours pas débuté plus de trois heures plus tard, selon des journalistes de l'AFP.
Aucune explication n'a été donnée dans l'immédiat par les rebelles, le régime, Moscou ou Ankara pour expliquer ce retard.
Une journaliste de l'AFP présente dans le secteur gouvernemental du quartier de Salaheddine a vu une vingtaine de bus prévus pour l'évacuation en stationnement. Leurs chauffeurs dormaient dans leurs véhicules et aucun civil ou insurgé n'était visible dans les parages.
Dans la dernière poche rebelle d'Alep, notamment dans le quartier d'al-Machad, une foule de civils, portant des affaires, était massée dans les rues, depuis 05H00 dans l'attente de toute nouvelle concernant l'évacuation, selon un autre journaliste de l'AFP.
Beaucoup avaient passé la nuit sur les trottoirs, faute d'abris, grelottant dans le froid et sous la pluie.
Accord entre la Russie et la TurquieDans les dernières zones tenues par les rebelles, les armes se sont tues depuis l'annonce mardi après-midi de l'accord entre la Russie et la Turquie, parrains respectifs du régime de Bachar al-Assad et de l'opposition.
Il a été signé après quatre semaines de bombardements et de combats intenses qui ont dévasté la partie orientale de la deuxième ville du pays.
"Alep est dans une situation d'urgence absolue: environ 100.000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km carrés", a déclaré à l'AFP la présidente de Médecins du Monde, Dr Françoise Sivignon, appelant à sauver les civils de cet "enfer".
L'accord a également été annoncée après le tollé international suscité par les atrocités qui auraient été commises contre les civils dans les quartiers repris par l'armée.`
Le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Rupert Colville, a fait état mardi "d'informations indiquant que des forces progouvernementales avaient tué au moins 82 civils, dont 11 femmes et 13 enfants", dans ces quartiers.
L'accord d'évacuation a été annoncé par un responsable d'un influent groupe rebelle à Alep et vise à évacuer "des quartiers assiégés les habitants et les rebelles avec leurs armes légères".
Régions sous contrôle rebelle"Les blessés et les civils seront évacués" en premier, puis suivront les rebelles, a déclaré à l'AFP Yasser al-Youssef, du groupe Noureddine al-Zinki. En sortant, "ils choisiront de se rendre soit dans l'ouest de la province d'Alep ou vers la province d'Idleb (nord-ouest)", des régions sous contrôle rebelle.
A New York, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a confirmé un accord pour évacuer les rebelles.
Son homologue américaine à l'ONU Samantha Power a réclamé des "observateurs internationaux impartiaux" pour superviser l'évacuation des civils qui "ont peur d'être abattus dans la rue ou emmenés vers un des goulags d'Assad".
Les Affaires étrangères turques ont parlé "d'un cessez-le-feu" à Alep et d'un "consensus" pour que les civils suivis par des groupes d'opposition soient évacués vers Idleb. Déjà plus de 130.000 civils ont fui les quartiers Est, selon l'OSDH.
"Nous sommes prêts mais nous voulons connaître les modalités" de l'opération d'évacuation, a déclaré de son côté à l'AFP Ibrahim Abou al-Leith, porte-parole des Casques Blancs, ces secouristes dans le secteur rebelle.
Soumis depuis quatre semaines à de violents bombardements aériens et à l'artillerie, les rebelles ont perdu la quasi-totalité de leur ancien bastion d'Alep-Est conquis en 2012 et sont désormais cantonnés surtout dans le grand quartier d'al-Machad.
Machine de guerre russeUne reprise totale d'Alep permettra au régime de contrôler les cinq plus grandes villes du pays, avec Homs, Hama, Damas et Lattaquié. Un revirement rendu possible par le soutien crucial de Moscou, allié indéfectible du régime.
Incapable d'arrêter la machine de guerre du régime de Bachar al-Assad, la communauté internationale a tenté jusqu'à présent en vain d'y stopper le drame humanitaire.
Le chef du groupe de travail sur l'aide humanitaire en Syrie, Jan Egeland, a dénoncé "les atrocités commises par les milices victorieuses à Alep" lors leur reprise des quartiers rebelles.
L'armée syrienne et ses alliés, des combattants iraniens et du Hezbollah libanais, contrôlent désormais plus de 90% d'Alep-Est, selon l'OSDH. La télévision d'Etat a diffusé des images filmées dans les quartiers repris aux rebelles: des ruines et des gravats à perte de vue.
En quatre semaines, l'offensive a coûté la vie à plus de 463 civils à Alep-Est selon l'OSDH, tandis que 130 civils étaient tués par des tirs rebelles à Alep-Ouest.
Le conflit en Syrie a fait depuis mars 2011 plus de 310.000 morts et jeté hors de leurs foyers plus de la moitié de la population.