Syrie: la diplomatie internationale à Vienne pour décider du sort de Bachar

DR

Les principaux acteurs diplomatiques du dossier syrien, dont les deux grands rivaux iraniens et saoudiens, se retrouvent pour la première fois vendredi à Vienne pour discuter des possibilités de règlement politique du conflit qui fait rage depuis plus de quatre ans.

Le 30/10/2015 à 10h00

Aucun accord décisif sur l'avenir du régime de Bachar al-Assad n'est attendu à ce stade mais la simple présence de protagonistes aux positions encore très divergentes est perçue comme un progrès. Tournant diplomatique majeur dans la crise syrienne: l’Iran, allié du régime de Damas, participe aux discussions de Vienne. Ceci constitue un signe supplémentaire du retour de Téhéran dans la communauté internationale quelques mois après la signature d'un accord sur son potentiel nucléaire.

Arrivé jeudi dans la capitale autrichienne, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, y a rencontré séparément ses homologues iranien Mohammad Javad Zarif et russe Sergueï Lavrov, fidèles soutiens du régime syrien dans le conflit qui a fait plus de 250.000 morts depuis 2011.

"Il est désormais temps d'accorder à l'Iran une place à la table", a estimé Kerry, entérinant le revirement de la position américaine, jusque-là hostile à cette idée. Pour le secrétaire d'Etat américain, les pourparlers de Vienne sont "l'occasion la plus prometteuse de trouver une ouverture politique", même si Washington ne nourrit pas d'espoir d'une solution immédiate.

Un premier round de discussions la semaine dernière dans un palace viennois entre ministres des Affaires étrangères américain, russe, saoudien et turc, aux divergences marquées, a permis de conclure à la possibilité de discuter ensemble. Les quatre partenaires se sont de nouveau retrouvés jeudi soir.

Vendredi, la réunion, qui débute à 09H30 locales (08H30 GMT), est élargie à au moins une douzaine de diplomaties occidentales et du Moyen-Orient. Avec notamment la présence de représentants libanais et égyptiens, des ministres des Affaires étrangères français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond, allemand Frank-Walter Steinmeier, ainsi que Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne.

"Nous avons enfin réussi à rassembler autour de la même table tout le monde sans exception", s'était félicité, avant de partir pour Vienne, Sergueï Lavrov qui a également vu le ministre iranien jeudi. Pour l'instant, il n'est pas question d'une participation du gouvernement syrien ou de son opposition.

“Renversé par la force”

La principale pierre d'achoppement des discussions concerne l'avenir du régime de Bachar al-Assad. Washington, Paris, leurs alliés occidentaux et arabes veulent négocier un "calendrier précis" de départ du président syrien, avait affirmé cette semaine Laurent Fabius.

La Russie, qui a lancé le 30 septembre une campagne de bombardements aériens en Syrie visant officiellement les groupes "terroristes", est accusée de pilonner les rebelles syriens pour renforcer Bachar al-Assad. Moscou et Téhéran insistent pour que le président syrien joue un rôle dans la transition politique en Syrie.

L'Iran chiite apporte un soutien financier et militaire direct à Damas alors que l'Arabie saoudite soutient les groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre le groupe jihadiste Daech.

Ryad affiche une position tranchée: Bachar al-Assad "partira soit à l'issue d'un processus politique soit parce qu'il sera renversé par la force", a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, à la BBC jeudi. Avant son départ pour Vienne, le ministre iranien Mohammad Javad Zarif avait insisté, cité par l'agence de presse iranienne IRNA, sur les principes de "non-ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie", de "respect de la souveraineté du pays et du droit du peuple syrien à décider de son destin".

"Le fait que les Saoudiens aient accepté la présence des Iraniens à Vienne est déjà significatif. C'est pour cela qu'on peut s'attendre que ce ne soit pas une réunion pour rien", analysait pour l'AFP Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français des relations internationales (IFRI).

"La question, ajoutait-il, est de savoir maintenant si les Russes et les Iraniens ne vont pas proposer une période de transition très longue, qui finirait par s'éterniser".

Le 30/10/2015 à 10h00