La visite a été annoncée par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, à l’issue d’une nuit d’entretiens-marathon à Tel-Aviv avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Et ce, alors que l’Iran a menacé d’une possible «action préventive» contre Israël si le pays maintient son projet d’offensive terrestre contre l’organisation islamiste dans la bande de Gaza.
«Le président réaffirmera la solidarité des Etats-Unis avec Israël et notre engagement sans faille en faveur de sa sécurité», a déclaré M. Blinken.
M. Biden rencontrera aussi le président égyptien, le roi de Jordanie et le chef de l’Autorité palestinienne à Amman, a annoncé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby.
Une intense activité diplomatique internationale se poursuit pour tenter d’éviter que le conflit, déclenché par l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, n’embrase la région.
«La possibilité d’une action préventive de l’axe de la résistance est attendue dans les prochaines heures», a averti lundi soir le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en employant une appellation informelle des Etats et organisations ennemis d’Israël et des Occidentaux.
«Moment propice»
Plus tôt dans la journée, le ministre iranien avait affirmé que l’«axe de la résistance» ne permettrait pas à l’Etat hébreu «de faire ce qu’il veut à Gaza».
Le porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Conricus a déclaré qu’il ne savait pas si la visite de M. Biden pouvait remettre en cause la date de l’offensive terrestre contre le Hamas, qui dirige l’enclave depuis 2007. «Je ne pense pas que cette visite vise à l’empêcher», mais plutôt «à s’assurer qu’Israël a tout ce dont il a besoin pour se défendre», a-t-il ajouté.
Dans la nuit, l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements sur Gaza, détruisant un quartier général du Hamas, selon un message posté sur X.
Le nord de l’enclave palestinienne, aux abords duquel l’armée israélienne a massé des troupes, est truffé de tunnels où le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, cache ses combattants et ses armes parfois jusqu’à 30 ou 40 mètres sous terre.
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Selon le Wall Street Journal lundi, l’armée américaine a sélectionné environ 2.000 membres de son personnel pour un éventuel déploiement en soutien à Israël, pour des missions de conseil et d’assistance médicale.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël depuis l’attaque du Hamas. La plupart sont des civils morts le jour de l’attaque, la plus meurtrière depuis la création de l’Etat d’Israël.
Les frappes de représailles israéliennes ont tué au moins 2.750 personnes, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d’enfants, selon les autorités locales. Onze journalistes palestiniens ont aussi été tués, a déclaré lundi le syndicat palestinien des journalistes.
L’armée israélienne a aussi annoncé avoir récupéré sur le sol israélien les corps de 1.500 combattants du Hamas.
Le Hamas a enlevé 199 personnes lors de l’attaque, selon Israël. L’organisation évoque «200 à 250» otages à Gaza et fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens. Lundi soir, elle a diffusé une vidéo d’«une des prisonnières à Gaza», identifiée par l’armée israélienne comme s’appelant Mia.
Acheminement de l’aide
Après son entretien avec M. Netanyhau, M. Blinken a également annoncé que les Etats-Unis avaient obtenu des garanties de la part d’Israël concernant l’acheminement de l’aide humanitaire étrangère dans la bande de Gaza. «A notre demande, les Etats-Unis et Israël ont accepté d’élaborer un plan qui permettra à l’aide humanitaire des pays donateurs et des organisations multilatérales d’atteindre les civils de Gaza», a-t-il expliqué.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti lundi d’une «catastrophe» humanitaire imminente. «Il reste 24 heures d’eau, d’électricité et de carburant» à Gaza et si de l’aide n’y entre pas, les médecins n’auront plus qu’à «préparer les certificats de décès», a déclaré à l’AFP Ahmed Al-Mandhari, directeur de l’OMS pour la Méditerranée orientale basé au Caire.
Lundi soir, le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté une résolution proposée par la Russie pour un «cessez-le-feu humanitaire». Approuvée par cinq Etats membres du Conseil - dont la Russie et la Chine -, elle a été rejetée par quatre autres (Etats-Unis, Royaume-Uni, France et Japon) et six se sont abstenus, parmi lesquels le Brésil.
Les 15 Etats membres du Conseil devraient se prononcer sur une seconde résolution présentée par le Brésil, mardi à 22H00 GMT.
Soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis plus de 15 ans, la bande de Gaza, où s’entassent 2,4 millions de personnes sur 362 km2, est placée en état de «siège complet» depuis le 9 octobre par Israël, qui y a coupé les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture.
«Pas d’électricité, pas d’eau, pas d’internet, pas de réseau cellulaire, pas de couches pour les bébés, pas de lait», égrène Fatma Hamouda sur ce qui manque à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où elle a cherché refuge.
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Lundi, des centaines de personnes étaient massées à la frontière avec l’Egypte, dans l’espoir d’une ouverture du point de passage de Rafah, contrôle par l’Egypte. «Cela fait huit jours que nous dormons à la frontière, sans aucune aide», a déclaré Oussama Abou Samhadana, un Egyptien cherchant à renter chez lui avec sa famille.
Un million de personnes, selon l’ONU, ont fui en une semaine le nord de la bande de Gaza vers le sud du territoire.
Martin Griffiths, chargé des situations humanitaires d’urgence à l’ONU, a annoncé qu’il se rendrait mardi au Proche-Orient.
Côté israélien, près de 500.000 Israéliens ont également été déplacés, selon le porte-parole de l’armée Jonathan Conricus. «Nous avons évacué tout le sud d’Israël, toutes les localités près de la bande de Gaza, suite aux directives du gouvernement», a-t-il dit, ajoutant: «Nous avons fait de même dans le nord où vingt localités près de la frontière ont été évacuées» après la multiplication des échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise entre le Hezbollah libanais pro-iranien, un allié du Hamas, et l’armée israélienne.
L’armée et les services de renseignement israéliens ont par ailleurs annoncé l’«élimination» d’Oussama al-Mazini, un haut responsable du Hamas dans la bande de Gaza.
Le président russe Vladimir Poutine s’est aussi entretenu avec M. Netanyahu lundi «des mesures prises par la Russie pour promouvoir la normalisation de la situation, empêcher une nouvelle escalade de la violence et prévenir une catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza».
Le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, s’est de son côté entretenu par téléphone avec le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh sur la «possibilité» de libérer des otages qu’il détient depuis le 7 octobre.
Ce jour-là, à l’aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël par la terre et les airs, tuant plus d’un millier de civils et semant la terreur sous un déluge de roquettes. Environ 270 personnes, d’après les autorités, ont été abattues dans un festival de musique.
«J’ai vu des bébés, des femmes et des enfants décapités», a affirmé le rabbin Israel Weiss, l’un des responsables de l’identification des corps à l’Institut médico-légal de Tel-Aviv. «Jamais de ma vie je n’ai vu de telles horreurs.»