Il est arrivé au Capitole lundi, accompagné de son épouse Priscilla Chan, pour rencontrer des parlementaires avant ces auditions, prévues d'abord au Sénat puis à la Chambre des représentants. Poursuivi par une meute de journalistes et escorté par des policiers, le dirigeant de 33 ans a troqué son traditionnel t-shirt pour un costume-cravate sombre.
Ce sera la première fois que le multimilliardaire passe sur le grill des élus américains, très remontés contre Facebook, empêtré dans des polémiques à répétition qui ont pris une tournure retentissante mi-mars avec l'éclatement du scandale Cambridge Analytica.
"Nous faisons face à un nombre important de débats à propos de la (protection de la) vie privée, de la sécurité et de la démocratie et vous aurez légitimement des questions difficiles à me poser", compte dire Mark Zuckerberg aux commissions parlementaires, selon le texte de son intervention diffusé lundi.
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Tournant dans l'histoire du groupe selon les uns, simple exercice de relations publiques pour les autres, ce témoignage sera en tout cas un test pour le dirigeant, qui peine à se défaire d'une image de "geek" arrogant et peu à l'aise en public. Comme depuis des semaines, il fera amende honorable, répètera avoir péché par "idéalisme" et "optimisme" et détaillera les mesures passées ou à venir pour rectifier les errements d'autrefois.
"Il est évident aujourd'hui que nous n'avons pas fait assez pour empêcher (Facebook) d'être utilisé de façon mal intentionnée (...). Nous n'avons pas pris une mesure assez large de nos responsabilités et c'était une grosse erreur. C'était mon erreur et je suis désolé", a-t-il prévu de dire.
Mais il aura fort à faire pour attendrir les parlementaires, qui sont nombreux à se dire décidés à légiférer pour mieux encadrer Facebook et les groupes internet en général. Pour beaucoup, l'heure de rendre des comptes a sonné.
"Si (Facebook) peut in fine miner nos institutions démocratiques, il va falloir que nous fassions quelque chose pour nous protéger", a déclaré lundi à la presse le sénateur démocrate Bill Nelson après avoir rencontré Mark Zuckerberg.
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De l'autre côté de l'échiquier politique, le républicain John Kennedy ne se dit pas forcément en faveur d'une régulation. Mais "ma principale inquiétude, c'est que Facebook ne sache pas" remédier de lui-même aux problèmes, a-t-il dit.
M. Zuckerberg tentera d'expliquer comment les données de quelque 87 millions d'utilisateurs se sont retrouvées entre les mains de la firme d'analyse de données Cambridge Analytica (CA). Cette dernière travailla ensuite pour la campagne du candidat républicain à la présidentielle américaine de 2016, Donald Trump.
Il devra aussi expliquer pourquoi il a attendu 2014 pour décider de limiter l'accès aux données personnelles par les applications tierces, comme celle par laquelle ont transité les informations récupérées par CA.
Le groupe aux plus de deux milliards d'utilisateurs est aussi vilipendé depuis des mois pour avoir servi--comme Google ou Twitter-- d'outil de désinformation et de manipulation politique, orchestrée selon la justice américaine par le Kremlin dans le but de favoriser l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Moscou a toujours nié.
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Regagner la confiance de ses utilisateurs est crucial pour le groupe car son modèle économique est fondé sur l'exploitation des données personnelles, qui permettent aux annonceurs de cibler finement leurs messages publicitaires.
Facebook, qui fait l'objet d'enquêtes et de plaintes tous azimuts des deux côtés de l'Atlantique, a commencé lundi à informer ses utilisateurs dont les données ont pu arriver chez CA.
Parmi les autres annonces récentes: vérifier l'identité des personnes ou organisations diffusant des messages électoraux ou politiques, clarifier les paramètres de confidentialité ou encore collaborer avec des chercheurs indépendants sur son influence dans les élections et la démocratie.
Jusqu'ici, Facebook assure ne pas observer d'impact financier malgré un mouvement appelant les utilisateurs à quitter le réseau social et les inquiétudes d'annonceurs publicitaires. Son action a toutefois chuté de près de 15% à Wall Street depuis la révélation de l'affaire.