Santé: un traitement prometteur du sida serait 1.000 fois moins cher en version générique, selon des chercheurs

La molécule lenacapavir, produite par le géant américain Gilead et vendue sous la marque Sunlenca, est un antirétroviral très prometteur dans le traitement du sida.

Facturé aujourd’hui 40.000 dollars par personne et par an, un traitement jugé très prometteur contre le sida verrait son prix chuter à près de 40 dollars si son producteur, le géant pharmaceutique américain Gilead, permettait sa fabrication en version générique. C’est ce qui ressort d’une étude présentée par des chercheurs lors de la 25ème Conférence internationale sur le sida.

Le 23/07/2024 à 08h51

Un traitement jugé très prometteur contre le sida, qui coûte aujourd’hui quelque 40.000 dollars par personne chaque année, pourrait tomber autour de 40 dollars en version générique, selon une estimation dévoilée mardi par des chercheurs à la 25ème Conférence internationale sur le sida.

Cet anti-rétroviral, développé par le géant américain Gilead à partir de la molécule lenacapavir, pourrait changer la donne contre le sida, jugent nombre de spécialistes internationaux. Il nécessite seulement deux injections par an, ce qui le rend bien plus facile à administrer que des comprimés quotidiens. Et il est aussi testé comme médicament préventif (PrEP) pour éviter l’infection, avec une efficacité de 100% selon une récente étude préliminaire.

Ce traitement, qu’on reçoit «comme un vaccin», pourrait «arrêter la transmission du VIH» s’il était administré à des personnes à risque élevé, notamment en Afrique, a déclaré à l’AFP Andrew Hill, de l’université britannique de Liverpool, qui a présenté l’étude.

À environ 40.000 dollars US par an -son prix actuel dans différents pays, comme les Etats-Unis, la France, la Norvège ou l’Australie-, le lenacapavir est cependant hors de portée pour la plupart des malades. Si le géant américain permettait sa fabrication en version générique, ce coût pourrait chuter à 40 dollars, ont calculé les chercheurs, qui ont présenté leurs travaux à Munich. Ils ont appuyé leur évaluation sur une hypothèse de commandes pour 10 millions de personnes.

Pour estimer le coût d’une version générique, les chercheurs ont, entre autres, discuté avec d’importants fabricants de génériques, en Chine et en Inde, déjà producteurs de «briques» du traitement, a précisé Andrew Hill.

Il y a dix ans environ, cette équipe de chercheurs avait estimé que le traitement contre l’hépatite C de Gilead -alors facturé 84.000 dollars par patient- pourrait dégringoler à 100 dollars si des génériques étaient autorisés. «Désormais, cela coûte moins de 40 dollars de soigner l’hépatite C», a glissé le scientifique.

La directrice exécutive de l’Onusida Winnie Byanyima a exhorté Gilead, dans un entretien avec l’AFP publié lundi, à «entrer dans l’Histoire» en autorisant la fabrication de génériques de son antirétroviral. Le laboratoire américain, objet d’une campagne de pression de nombreuses personnalités et ONG, a affirmé ces derniers mois discuter avec les acteurs de la lutte contre le VIH, «y compris les gouvernements et les ONG», pour un accès du traitement «au plus grand nombre possible».

Si quelque 30 millions de personnes vivant avec le virus du sida dans le monde bénéficient d’un traitement antirétroviral, environ 10 millions en sont privées. Environ 1,3 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH en 2023.

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/07/2024 à 08h51