Saké, henné ou savon d’Alep: des traditions bientôt au patrimoine immatériel de l’Unesco

Des étudiantes décorent leurs mains avec du henné pour célébrer la fête hindoue de Teej au collège Shahzada Nand à Amritsar le 3 août 2024

Des étudiantes décorent leurs mains avec du henné pour célébrer la fête hindoue de Teej au collège Shahzada Nand à Amritsar le 3 août 2024. AFP or licensors

Le saké, le henné, le savon d’Alep ou la culture foraine... des dizaines de nouvelles traditions devraient rejoindre cette semaine le patrimoine immatériel de l’Unesco, une convention toujours plus populaire.

Le 03/12/2024 à 08h12

Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel se réunit depuis lundi à Asuncion, au Paraguay. De mardi à jeudi, il devrait statuer sur l’inscription de 66 nouveaux éléments, présentés sous l’angle de traditions communautaires, explique-t-on au sein de l’organisation onusienne.

Parmi les plus connus mondialement figure le saké, cet alcool de riz fabriqué «à partir de grains et d’eaux de qualité», dont les méthodes de fabrication et les rituels de consommation sont «profondément ancrés dans la culture japonaise», selon l’Unesco.

Il y a aussi les traditions autour du henné, plante dont les feuilles sont séchées, broyées, puis transformées en une pâte servant à tatouer notamment les avant-bras et les pieds de femmes participant à un mariage, mais aussi à teindre les cheveux ou encore porter chance aux bébés, explique l’agence onusienne.

«Le henné symbolise le cycle de vie d’un individu, de la naissance à la mort, et il est présent lors des grandes étapes de la vie de celui-ci», poursuit le texte défendant son inscription au patrimoine immatériel, que défendent seize pays arabes.

La Côte d’Ivoire cherche de son côté à faire reconnaître ses «savoir-faire liés à la fabrication de l’Attiéké», une semoule de manioc, l’Etat palestinien ceux participant à la confection du savon de Naplouse, en Cisjordanie occupée, quand la Syrie veut que soient reconnues les traditions autour de celui d’Alep, ville dévastée par des années de guerre, depuis peu aux mains de rebelles.

Adoptée en 2003, entrée en vigueur en 2006 après ratification par trente Etats membres, la convention sur le patrimoine culturel immatériel, après des débuts poussifs, constitue désormais un succès diplomatique, avec 183 signataires, soit presque toute la communauté internationale. Quelque 145 Etats ont vu un ou plusieurs de leurs éléments culturels reconnus.

«Expériences humaines»

«Cette convention a réinventé la notion même de patrimoine, au point que nous ne pouvons plus séparer le matériel de l’immatériel, les lieux des pratiques», estime le directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, pour qui ce texte a «accompli des exploits».

«La convention a prouvé son utilité pour sensibiliser à l’importance du patrimoine culturel», qui reflète «la manière dont on vit le monde et comment on le vit avec les autres», s’enthousiasme sa secrétaire Fumiko Ohinata, interrogée par l’AFP.

Et d’énumérer: «la musique, la danse, la connaissance, la nourriture, les habits, comment vous vous adressez aux autres personnes de votre communauté, comment vous enseignez aux enfants, (...) au fond tout ce qui constitue les expériences humaines et qui fait que l’on se sent vivant», selon Mme Ohinata.

Parmi les biens ou écosystèmes à valeur exceptionnelle reconnus par l’Unesco figure la pizza napolitaine (2017), la capoeira brésilienne (2014) ou le flamenco espagnol (2010) -- ou plutôt les traditions entourant chacun de ces éléments.

À Asuncion se tranchera également l’inscription de la migration nomade en Mongolie, où près de 250.000 familles d’éleveurs, suivant une tradition ancestrale, accompagnent leurs troupeaux vers la taïga, les montagnes, ou encore les steppes et le désert de Gobi, selon l’Unesco.

Cuba, la République dominicaine, Haïti, le Honduras et le Venezuela veulent de leur côté faire reconnaître les pratiques liées à la cassave, une galette à base de manioc dont la fabrication et la consommation remontent à plusieurs siècles.

La France présente plusieurs dossiers, dont l’un relatif aux «savoir-faire des couvreurs-zingueurs et ornementistes», qui restaurent et décorent les toits en zinc de Paris. Un autre, avec la Belgique, concerne la culture foraine, qui apporte les fêtes éponymes aux villes et villages de ces deux pays.

Par Le360 (avec AFP)
Le 03/12/2024 à 08h12