Des milliers de Britanniques ont participé, le samedi 10 août, à des rassemblements antiracistes en réaction aux émeutes d’extrême droite qui ont secoué le Royaume-Uni pendant une semaine.
Les derniers heurts importants entre police et émeutiers remontent à lundi soir, mais la police reste en état d’alerte pour ce week-end face au risque d’une reprise des violences déclenchées par le meurtre de trois fillettes le 29 juillet.
À l’issue d’une semaine marquée par une réponse judiciaire très ferme, avec des centaines de comparutions et de premières condamnations, ainsi que par une première vague de rassemblements antiracistes mercredi, de nouvelles manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes pour dénoncer les récentes violences xénophobes et islamophobes.
La plus importante a réuni quelque 5.000 personnes à Belfast, capitale d’Irlande du Nord où la police avait dénoncé plusieurs actes qualifiés de racistes cette semaine. Fiona Doran, de l’association United Against Racism qui a co-organisé le rassemblement, a estimé que celui-ci montrait «que Belfast est une ville accueillante (...) qui dit non au racisme, au fascisme, à l’islamophobie, à l’antisémitisme ou à la misogynie».
Une mosquée de Newtownards, à l’est de Belfast, avait encore été visée dans la nuit de vendredi à samedi par un cocktail molotov -qui n’était pas allumé- et vandalisée, la police disant traiter l’affaire comme un délit raciste.
«Il s’agit d’un crime de haine à motivation raciale, et je tiens à adresser un message fort à ceux qui ont perpétré cet acte: ce type d’activité ne sera pas toléré», a déclaré l’inspecteur en chef du service de police d’Irlande du nord (PSNI), Keith Hutchinson.
Peines de prison ferme
Des rassemblements antiracistes réunissant des centaines de personnes ont été signalés à travers tout le Royaume-Uni: Newcastle et Manchester (nord de l’Angleterre), Cardiff (pays de Galles), Glasgow et Edimbourg (Écosse)... À Londres, près d’un millier de personnes se sont rassemblées devant le siège du parti anti-immigration Reform UK, portant des pancartes «Non au racisme, non à la haine», sans incident.
«Je n’aime pas que la droite descende dans les rues en mon nom», a expliqué à l’AFP Jeremy Snelling, 64 ans, présent au rassemblement. «Je suis pour l’ouverture des frontières et l’accueil des réfugiés sont une bonne chose», a-t-il ajouté. «Il est très important pour les immigrés dans ce pays de nous voir ici, des Britanniques blancs, en train de dire: non, nous ne tolérons pas cela», a insisté Phoebe Sewell, une Londonienne de 32 ans.
Ces émeutes, les pires au Royaume-Uni depuis 2011, ont visé des mosquées et des centres d’hébergements pour migrants. Elles ont éclaté à la suite de l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes le 29 juillet à Southport (nord-ouest de l’Angleterre), sur fond de fausses rumeurs en ligne sur le suspect, un adolescent de 17 ans.
Les autorités mettent l’accalmie depuis cinq jours sur le compte de la réponse judiciaire très ferme, avec plus de 800 arrestations, 300 inculpations et de premières condamnations à de la prison ferme pour des casseurs ou des publications en ligne attisant la violence.
Malgré ce répit, les médias britanniques ont rapporté samedi que le Premier ministre Keir Starmer avait annulé ses projets de vacances pour la semaine prochaine afin de rester concentré sur la crise.
Des centaines de participants présumés aux violences seront bientôt traduits en justice dans le cadre d’une «nouvelle phase» d’affaires «plus graves», a indiqué Stephen Parkinson, chef du parquet en Angleterre et au Pays de Galles.
Les personnes reconnues coupables pourraient être condamnées à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 10 ans au titre de l’infraction la plus grave, à savoir l’émeute, a-t-il averti. «Il ne s’agit pas de se venger, mais de rendre la justice», a mis en avant M. Parkinson, dans des propos rapportés par le Sunday Times.