Ironie du sort, le jour même du 59ème anniversaire de Boris Johnson, les élus de la chambre des Communes se prononcent sur le rapport d’une commission d’enquête qui a conclu que l’ex-Premier ministre avait menti au Parlement dans l’affaire du «partygate». Ils devront dire s’ils approuvent ses conclusions et les sanctions recommandées à l’encontre de Johnson.
Après la large victoire électorale de 2019 qui l’a conduit au pouvoir, Boris Johnson a été forcé de démissionner l’été dernier, poussé vers la sortie par une série de scandales, dont celui du «partygate», ces fêtes à Downing Street en pleine pandémie de Covid-19. Dans un rapport publié jeudi, la commission a conclu qu’il avait «induit la chambre en erreur sur une question de la plus haute importance pour la Chambre et pour le public» et ce «à plusieurs reprises».
L’issue de la consultation des députés en elle-même n’aura que peu d’impact, Boris Johnson ayant déjà démissionné de son mandat de député juste après avoir reçu le rapport de la commission en amont de sa publication. Et il a critiqué vertement la commission en criant à «l’assassinat politique».
S’il siégeait toujours au Parlement, il aurait risqué une suspension de 90 jours, selon les recommandations du rapport, qui propose aussi qu’il soit privé de son badge d’accès au Parlement. Mais l’attitude des élus conservateurs en dira beaucoup sur le soutien politique que conserve l’ancien Premier ministre, toujours populaire dans le parti pour avoir mis en oeuvre le Brexit, et donc sur la perspective d’un retour sur la scène politique, qu’il ne semble pas écarter.
Une popularité en berne
En attendant, l’ex-journaliste a été embauché par le tabloïd The Daily Mail pour tenir une chronique hebdomadaire, dont la première est parue vendredi. Certains de ses plus fidèles soutiens au Parlement ont déjà assuré qu’ils rejetteraient le rapport. La direction du parti conservateur n’a pas donné de consigne de vote, mais la présidente conservatrice de la chambre, Penny Mordaunt a indiqué que la motion en discussion «demandera à la chambre d’approuver» le rapport et a appelé les élus à «se faire leur propre jugement».
À l’image du ministre à l’Egalité des chances Michael Gove, figure éminente du Brexit chez les Tories, certains conservateurs pourraient décider de s’abstenir. Louant dimanche sur la BBC «l’excellent travail» de la commission, il s’est dit «en désaccord avec ses conclusions». L’actuel Premier ministre Rishi Sunak, qui siège également au Parlement, n’a jusqu’ici rien laissé filtrer de ses intentions, alors que la rivalité entre lui et Boris Johnson s’affiche plus que jamais au grand jour.
La popularité de l’ex-Premier ministre est moins évidente dans la population britannique. 69% des Britanniques et 51% des électeurs conservateurs pensent qu’il a bel et bien menti au Parlement. Dimanche, un nouvelle vidéo publiée par le journal The Mirror, montrant des membres du parti conservateur danser lors d’une fête durant la pandémie au mépris des règles de distanciation a suscité de vives réprobations.
Cette énième péripétie autour du «partygate» se produit au moment où le gouvernement conservateur est plus que jamais sous pression pour lutter contre l’inflation et la hausse des taux d’intérêt qui fait flamber les loyers et crédits immobiliers.
Au plus bas dans les sondages face à l’opposition travailliste, le parti va ainsi affronter en mauvaise posture quatre élections partielles dans les prochains mois, après la démission ce week-end d’un nouveau député, David Warburton, accusé d’avoir consommé de la drogue et harcelé une assistante.