Le FN devance largement l’opposition de droite et les socialistes du président François Hollande dans trois régions clés: au nord (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), où se présente sa présidente Marine Le Pen, dans le sud-est (Provence-Alpes-Côte d’Azur), où il est emmené par sa nièce Marion Maréchal Le Pen, et dans l’est (Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine), avec le stratège du parti, Florian Philippot.
Marine Le Pen a obtenu dans sa région entre 40,3 et 43% des voix devant l’opposition de droite (24 à 25%) et les socialistes (entre 18 et 18,4%), selon des estimations des instituts de sondage.
Sa nièce Marion Maréchal-Le Pen réussit encore mieux que sa tante: elle est créditée de 41,2% à 41,9% des voix, largement devant la droite (24 à 26%) et le Parti socialiste (15,8 à 18,1%).
44,6 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Un deuxième tour est prévu le 13 décembre. Le taux de participation dimanche est d’environ 50%, soit une forte progression par rapport au scrutin régional de 2010, marqué par une très forte abstention.
Au plan national, «il apparaît qu’on est largement le premier parti de France, plusieurs points devant l’alliance Les Républicains-centristes», s’est félicité le vice-président du Front national, Florian Philippot.
Le Parti socialiste au pouvoir dirigeait jusqu’à présent la quasi-totalité des régions. Au deuxième tour, il ne pourrait conserver que trois ou quatre régions.
Promis à une large victoire avant les attentats de Paris, le parti Les Républicains de l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy avait vu ces dernières semaines les intentions de vote en sa faveur s’éroder au profit du Front national.
Trois semaines après les attentats meurtriers de Paris (130 morts, des centaines de blessés), revendiqués par le groupe jihadiste Daech, les mesures de sécurité avaient été renforcées autour des bureaux de vote, dans le cadre de l’état d’urgence. Policiers et militaires en armes patrouillaient notamment dans les rues de Paris.
Souvent méconnues des Français, les compétences des treize régions vont de la gestion des lycées aux aides aux entreprises, en passant par les transports publics.
Après des percées spectaculaires l’an dernier aux municipales et aux européennes, le FN consolide fortement son ancrage en France.
Le Premier ministre Manuel Valls avait souligné avant le vote que le bulletin de vote était «une arme» contre le terrorisme alors que la campagne électorale a été largement éclipsée par les teribles attentats le 13 novembre survenus en France.
Après ces attaques, le parti de Marine Le Pen s’est trouvé conforté dans son discours nationaliste et anti-immigration par la révélation que deux des kamikazes avaient gagné la France après s’être glissés parmi des migrants débarqués en Grèce.
Les socialistes au pouvoir n’ont pas tiré profit du spectaculaire regain de popularité de François Hollande, dont la gestion des attentats a reçu un large soutien dans l’opinion.
Le parti présidentiel pâtit de l’envolée du chômage, monté en octobre à 10,2% de la population, son plus haut niveau depuis 1997. Il souffre aussi de la faiblesse de l’ensemble de la gauche qui s’est présentée divisée au premier tour, même s’il espère la rassembler au second.
L’issue du scrutin final dépendra beaucoup de l’attitude pour le second tour du PS et des Républicains dans les régions susceptibles de basculer à l’extrême droite: désistement, voire alliance, pour tenter de lui barrer la route, ou triangulaires risquant d’assurer sa victoire.
Les élections régionales sont les dernières prévues en France avant la présidentielle de 2017, pour laquelle Marine Le Pen est aussi donnée en tête des intentions de vote au premier tour.