Quand l’Espagne tend les bras aux réfugiés ukrainiens et passe à tabac les migrants subsahariens

Des migrants subsahariens, le 2 mars 2022, à leur arrivée au Centre pour immigrés et demandeurs d'asile (CETI), à Melilla.

Des migrants subsahariens, le 2 mars 2022, à leur arrivée au Centre pour immigrés et demandeurs d'asile (CETI), à Melilla. . DR

Mercredi dernier, parmi les milliers de migrants subsahariens ayant tenté de pénétrer dans la ville occupée de Melilla, située au Nord du Maroc, bon nombre ont subi de graves violences policières. Un accueil qui contraste avec la politique d’accueil des réfugiés ukrainiens prônée par l’Espagne depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le 09/03/2022 à 12h56

Les images de l’accueil réservé par la police espagnole aux centaines de migrants subsahariens ayant franchi les clôtures qui séparent la ville occupée de Melilla du reste du territoire marocain sont pour le moins choquantes.

Attestent de ces violences, des vidéos choquantes qui circulent sur la Toile et qui ont été reprises par de rares médias. Des hommes jetés à terre, passés à tabac à coups de matraques, des visages tuméfiés, en sang…

Pour contrer cette vague migratoire qui a poussé mercredi dernier des milliers de migrants subsahariens à tenter de franchir la frontière, la garde civile espagnole n’y a pas été de main morte. L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) a ainsi fait état ce mercredi 9 mars 2022 d'une trentaine de migrants blessés, dont trois ou quatre grièvement, qui ont été hospitalisés.

Pendant ce temps-là, alors que la guerre fait rage depuis quatorze jours entre la Russie et l’Ukraine, c’est un tout autre accueil qui est réservé aux deux millions de réfugiés ukrainiens qui ont fui leur pays pour chercher refuge dans différents pays d’Europe.

Ils sont ainsi 1200 à être arrivés en Catalogne, selon l’agence de presse catalane, ACN, un nombre annoncé le 8 mars par la porte-parole du gouvernement Patricia Plaja, et selon le ministère de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations, 6000 Ukrainiens devraient arriver en Espagne où ils bénéficieront d’une simplification des procédures d’accès aux permis de séjour et de travail, une mesure annoncée mardi par le gouvernement espagnol.

Comment expliquer cette politique de deux poids deux mesures? Comment justifier que des migrants subsahariens qui fuient eux aussi la guerre et/ou la pauvreté soient traités avec tant de violence et refoulés de façon inhumaine alors même que l’on ouvre les bras aux Ukrainiens?

La réponse à cette question a été formulée très clairement par le dirigeant du parti d’extrême-droite espagnol, Vox, devant le parlement espagnol, mercredi dernier. «Parce que ceux-là (les ukrainiens) sont de vrais réfugiés de guerre, ces femmes, ces enfants et ces personnes âgées devraient être accueillis en Europe. Maintenant, tout le monde devrait comprendre parfaitement quelle est la différence entre ce flux de réfugiés qu’il y a aujourd’hui et l’invasion de jeunes hommes en âge de rejoindre l’armée et d’origine musulmane qui ont franchi différentes frontières de l’Europe en essayant de la déstabiliser de la coloniser», a ainsi affirmé Santiago Abascal.

Une intervention qui a été applaudie à tout rompre dans l’hémicycle espagnol sans que cela n’émeuve la presse locale… Une preuve accablante que le racisme et l’islamophobie avancent aujourd’hui à visage découvert en Europe et que l’Espagne n’a définitivement pas enterrée sa crainte fantasmée d’une nouvelle invasion arabo-musulmane.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 09/03/2022 à 12h56