Le régime algérien montre déjà jusqu’à quelles limites il peut aller pour réprimer le peuple kabyle et l’empêcher de célébrer deux événements marquants dans sa lutte pour l’indépendance: le Printemps amazigh (1981) et le Printemps noir (2001).
Après les marches de Paris, de Montréal, de Philadelphie et de San Francisco, le 16 avril, les Kabyles avaient lancé des appels à manifester, le 20 du même mois, dans les principales villes de la Kabylie.
Très embarrassée par le succès de la marche parisienne, qui a mobilisé plus de 20.000 manifestants, la junte militaire a décidé de décréter un véritable état de siège à Tizi-Ouzou, capitale de la Kabylie, et ce dès demain mercredi 19 avril.
Selon le journal Le Matin d’Algérie, qui cite le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d’opposition), «toutes les activités publiques sont gelées ou annulées sur tout le territoire de la wilaya, en raison de l’approche de la date du 20 avril qui marque traditionnellement la célébration du printemps amazigh».
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Cette interdiction, qui court dès ce mercredi 19 avril, concerne toutes les activités publiques, y compris celles qui n’ont aucun lien avec les revendications du peuple kabyle, comme les activités culturelles et sportives qui ont été tout simplement annulées.
En la matière, la junte militaire reste fidèle à sa ligne de conduite et s’enlise dans la bêtise. Dimanche dernier, le match de football entre la JS Kabylie et le Mouloudia d’Alger, qui devait se jouer à Tizi Ouzou, a été reporté sine die.
Au sein du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), on s’attendait à ce genre de décisions, qui n’ont rien de surprenant de la part du pouvoir algérien.
«C’est le printemps et pour nous, c’est la saison des combats. Là, on attend l’échéance du 20 avril et les manifestations en Kabylie. Nous espérons qu’elles vont bien se passer, bien que le pouvoir algérien, et nous le savons par expérience, ne s’impose pas de limites pour réprimer», nous a déclaré Aksel Bellabbaci, conseiller à la présidence du MAK et chargé de mission auprès du Gouvernement provisoire kabyle (ANAVAD).
Après Tizi Ouzou, les militants kabyles attendent ce que le pouvoir militaire va décider pour les autres grandes villes de Kabylie, comme Béjaïa et Bouira, même si, là aussi, les indépendantistes amazighs ne se font pas beaucoup d’illusions.