L'état du régime algérien est très inquiétant. Les signaux qu'il envoie ces derniers jours trahissent en tout cas un degré élevé de fébrilité et de nervosité, lui faisant perdre le sens de la mesure, voire parfois la raison. La récente réaction de l'ambassade d'Algérie à Bruxelles à une vidéo critique envers le régime de Bouteflika filmée au siège du Parlement européen par une ex-correspondante de la télé publique algérienne, Layla Haddad, démontre à quel point ce régime est devenu fragile, sensible à la moindre critique, surtout quand cela touche à l'état de santé de Bouteflika, maintenu à son corps défendant à la tête d'un Etat en déliquescence continue et dont l'entourage complote actuellement pour lui offrir un 5e mandat qui, qu'à Dieu ne plaise, sortira les Algériens dans la rue et entraînera leur pays dans une nouvelle spirale de violences.
Dans cette vidéo, relayée par les réseaux sociaux (5,3 millions de vues!), Layla Haddad dénonce "ceux qui se sont arrogés le droit de disposer du Président comme d’un objet" en l’invitant à "mettre un terme à ses apparitions à la télé" mises en scène par le clan présidentiel en réponse à ceux, nombreux aujourd'hui en Algérie, à revendiquer sa destitution pour invalidité. Il n'en fallait pas plus ni moins pour qu'Alger rue dans les brancards et tempète, via son ambassade à Bruxelles, contre "le détournement inacceptable de symboles de l’Union européenne (UE) et du siège du Parlement européen pour attenter à l’honneur et à la dignité des institutions algérienne".
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Passons sur le traitement réservé par ladite ambassade à la (pauvre) journaliste, accusée d'être "un agent invétéré de la subversion et de la sédition", l’ambassadeur de l’UE à Alger, John O’Rourke, lui aussi en a pris pour ses grades. Il a été convoqué par le département d'Abdelkader Messahel (MAE) pour lui exprimer son "indignation" et sa "réprobation" suite à cette vidéo réalisée dans des installations officielles du Parlement européen,"utilisant ainsi et détournant abusivement des symboles de l'UE pour porter gravement atteinte à l'honneur et à la dignité des institutions de la République algérienne".
ONU: quand Alger rue dans les brancardsLa réaction disproportionnée à la vidéo filmée et diffusée par l'ex-correspondante de l'ENTV n'est qu'une séquence de la "guerre" menée tout azimut par ce régime algérien autarcique et en rupture de ban. Il y a quelques jours, Alger déversait encore publiquement sa colère contre la Commission des droits de l'Homme de l'ONU dont "le délit" semble-t-il est d'avoir simplement formulé des critiques sur la gestion du dossier des migrants subsahariens qui, quand ils ne sont pas officiellement méprisés (porteurs de maladies sexuellement transmissibles, vecteurs de crimes et j'en passe), sont expulsés manu militari, sans distinction d'âge ni de sexe.
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L'on vous fait grâce des réactions épidermiques aux rapports des ONG de défense des droits de l'Homme, bête noire d'un régime viscéralement liberticide et autoritariste. Human Rights watch, Amnesty international, voire le Département d'Etat américain n'ont pas échappé aux critiques d'un régime parano et irascible. Parano au point d'étouffer toute velléité d'expression, à plus forte raison s'il s'agit d'un avis contraire, comme en atteste l'incarcération du blogueur Marzoug Touati, ou plus encore le journaliste Saïd Boudour. Ces réactions nerveuses contredisent le discours d'un régime qui veut renvoyer de l'Algérie l'image d'un "pays apaisé" et réconcilité avec lui-même et avec son entourage.
Alger, des relations exécrables avec tous les pays du voisinageAlger est en mauvais termes non seulement avec le Maroc, qui cristallise la haine féroce des apparatchiks octogénéraires depuis l'ère du colonel Boukharrouba, alias Houari Boumediène. Elle l'est aussi avec ses voisins de l'est (Libye et à moindre échelle la Tunisie), ainsi qu'avec ses voisins du sud (Mali et Niger, notamment).
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Et pour cause, le rôle trouble qu'Alger n'a eu de cesse de jouer dans la déstabilisation de ces pays. La sortie du parlement libyen de Tobrouk en 2017 pour demander à Alger de cesser de s'ingérer dans les affaires intérieures libyennes édifie à bien des égards sur les desseins malveillants d'un régime algérien incroyablement haineux, accomplis via des services compromis jusqu'au bout des ongles avec les organisatiosn terroristes de tout poil, notamment en Libye (Daech) et au Mali ("Ansar Dine" d'Iad Ag Ghali, "Etat islamique dans le Grand Sahara" d'Adnane abou Walid al-Sahraoui, ex-soldat du front Polisairo)... L'apparition soudaine il y a quelques années de terroristes sur les monts tunisiens frontaliers de l'Algérie, particulièrement le mont Chaâmbi, n'était surtout pas le fruit du hasard. L'implication algérienne dans ce processus maléfique de déstabilisation régionale est avérée. E ce rôle diabolique vaut par ricochet à ce pays autarcique de se trouver aujourd'hui au ban des nations.