Pologne: veillée d’armes avant des législatives cruciales et serrées

Donald Tusk, leader du parti Coalition civique, candidat aux prochaines élections polonaises, s'adresse aux personnes venues le soutenir lors du débat des principaux candidats à Varsovie, Pologne, le 9 octobre 2023.. AFP or licensors

Les populistes-nationalistes resteront-ils au pouvoir ? La Pologne se prépare à des élections serrées dimanche, considérées comme cruciales pour l’avenir du pays et dont l’issue, selon les sondages, dépendra des résultats des petits partis, nécessaires pour former une coalition.

Le 13/10/2023 à 07h52

Si tous les sondages placent le parti populiste-nationaliste au pouvoir, Droit et Justice (PiS), en première position, il semble impossible qu’il obtienne une majorité absolue suite aux prochaines élections législatives polonaises, qui se tiennent le dimanche 15 octobre.

Pour se maintenir au pouvoir, Le PiS devra dans le meilleur des cas s’allier à la Confédération (extrême droite). En face, la Coalition civique (centre), dirigée par l’ancien chef du Conseil européen et ex-Premier ministre Donald Tusk, en s’alliant avec la Troisième voie (chrétien-démocrate) et la Gauche, pourrait être en mesure de former une majorité.

«Le PiS ne formera pas le prochain gouvernement en Pologne», estime Wojciech Przybylski, analyste politique du groupe Visegrad Insight, soulignant qu’une alliance PiS-Confédération semble peu probable. Selon lui, «l’opposition a désormais plus de chances pour former un prochain gouvernement de coalition».

Rhétorique anti-migrants

Les partisans du PiS affirment que leur victoire permettra au parti de concrétiser sa vision d’une Pologne puissante et souveraine, fondée sur des valeurs traditionnelles, qui maintiendra l’interdiction de l’avortement. «Il n’y a rien de mieux en vue», dit Eugeniusz Krzyszton, un agriculteur de 71 ans vivant à Godziszow, village qui a voté à 89% pour le PiS lors des dernières élections de 2019.

La campagne a été très polarisée, marquée par une série d’attaques personnelles contre Donald Tusk, orchestrée par le parti au pouvoir qui l’a accusé d’agir dans l’intérêt de Berlin, Moscou et Bruxelles. Le PiS a intensifié sa rhétorique anti-migrants: le Premier ministre Mateusz Morawiecki a déclaré jeudi que les familles polonaises devraient être protégées contre ces immigrés illégaux «qui n’ont aucun respect pour notre culture».

Selon l’opposition, une victoire du PiS entraînerait des tensions croissantes avec l’Union européenne. L’opposition accuse le gouvernement de préparer un «Polexit», c’est-à-dire la sortie de l’UE. De nombreux partisans de l’opposition et des organisations non gouvernementales avertissent qu’un troisième mandat des nationalistes affaiblirait davantage les libertés démocratiques.

«Il est grand temps de revenir à la normale, à l’État de droit, à la liberté de choix et d’expression», souligne Monika Pieleszynska, une employée de bureau de 43 ans, lors d’un grand rassemblement de l’opposition ce mois-ci.

Liens détériorés avec l’Ukraine

Kiev aussi observe la situation avec circonspection, car un gouvernement polonais où la Confédération aurait son mot à dire risquerait de détourner Varsovie de sa voie pro-ukrainienne. La Pologne a compté parmi les principaux soutiens de l’Ukraine au sein de l’UE et de l’Otan, et a accueilli un million de réfugiés ukrainiens, mais la lassitude grandit chez nombre de Polonais.

Le gouvernement s’est brouillé récemment avec l’Ukraine au sujet de l’interdiction d’importations de céréales, arguant de la nécessité de protéger les agriculteurs polonais. Selon Marcin Zaborowski, expert au sein du groupe de réflexion Globsec, le parti au pouvoir avait adopté une position plus froide à l’égard de l’Ukraine dans le but d’obtenir des votes nationalistes. «Après les élections, il risque d’être trop tard pour revenir sur cette position, car le mal aura été fait», prévient-il.

Par Le360 (avec AFP)
Le 13/10/2023 à 07h52