Geert Wilders, à qui aucune peine n'a été infligée, va faire appel de sa déclaration de culpabilité, a indiqué son avocat.
Les déclarations du député "font une distinction entre la population marocaine et d'autres groupes de population aux Pays-Bas", a déclaré le juge Hendrik Steenhuis lors de la lecture du jugement.
"Le caractère inflammatoire de la manière dont les déclarations ont été faites ont incité d'autres personnes à discriminer les personnes d'origine marocaine", a-t-il ajouté.
Connu pour ses positions anti-islam, le politicien était poursuivi pour des propos tenus lors d'une soirée après des élections municipales en mars 2014 à La Haye. Il avait demandé à ses militants s'ils voulaient "plus ou moins de Marocains dans (leur) ville et aux Pays-Bas".
Face à une foule scandant "Moins! Moins! Moins!", il avait répondu dans un sourire: "Nous allons nous en charger".
Le député, qui n'était pas présent à la lecture du jugement, n'écopera pas d'amende, ont décidé les juges, alors que le parquet avait requis une sanction de 5.000 euros.
Dans cette affaire, "la question la plus importante était de savoir si M. Wilders est allé trop loin, et ce jugement répond à cette question", a ajouté le juge. "La chambre estime donc que justice a été rendue et aucune peine n'est imposée".
Les juges ont cependant estimé ne pas avoir reçu "suffisamment de preuves" pour pouvoir reconnaître le député à la chevelure peroxydée de 53 ans coupable d'incitation à la haine.
"M. Wilders estime que ce jugement est une grande perte pour la démocratie et la liberté d'expression", a réagi son avocat Geert-Jan Knoops dans un communiqué, évoquant des "erreurs en droit et des erreurs d'interprétation des faits".
Sur Twitter, le député a qualifié de jugement de "complètement cinglé", ajoutant que les trois juges "haïssent le PVV", son Parti pour la Liberté.
Les Néerlandais se rendent aux urnes en mars pour des élections législatives et le procès a augmenté la popularité du député, qui est en tête des derniers sondages. Ceux-ci attribuent 34 sièges à son PVV, soit dix de plus qu'au parti du Premier ministre libéral Mark Rutte.
Car, plutôt que de porter un coup au député controversé, son procès a renforcé sa popularité auprès des électeurs et après des victoires populistes en Europe, tout comme la victoire du président-élu américain Donald Trump, ces élections seront attentivement suivies.
Geert Wilders, qui a snobé la majorité de son procès, a affirmé qu'il s'agissait d'un "procès politique", mené par un parquet "marionnette" du gouvernement, en vue de le réduire au silence dans la perspective du scrutin.
Si Geert Wilders a été poursuivi devant la justice, c'est parce que "les remarques racistes doivent être arrêtées", a répliqué le parquet lors des audiences.
Des paroles comme les siennes, qui avaient provoqué le dépôt de 6.400 plaintes par des citoyens et des organisations, "nuisent profondément à la dignité humaine", a déclaré le représentant du ministère public, Wouter Bos.
Des Néerlando-Marocains disent s'être sentis comme des "citoyens de seconde zone" tandis que "les enfants ont peur" des déclarations de Geert Wilders.
Le parquet est de son côté "heureux" du jugement, a déclaré sa porte-parole Alexandra Oswald à l'agence de presse néerlandaise ANP : "Ce qui est important, c'est que le ministère public ait délimité une norme, à savoir qu'un homme politique ne peut mettre de côté un groupe de personnes sur la base de leur origine".
Le député a promis, s'il devenait Premier ministre, de procéder à la fermeture des mosquées et des écoles islamiques, de confisquer les exemplaires du Coran, de fermer les frontières du pays et d'interdire les migrants venant de pays musulmans.